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ROMANCES SANS PAROLES, Paul Verlaine Fiche de lecture

Romances sans paroles est un recueil poétique de Paul Verlaine (1844-1896), dont les textes ont été écrits entre mai 1872 et avril 1873, soit la période correspondant à sa relation tumultueuse avec Arthur Rimbaud. Auparavant, Poèmessaturniens, en1866, puis Fêtes galantes, en 1869, ont révélé un poète profondément original et novateur. Pourtant, avec La Bonne Chanson (1870), Verlaine, en même temps qu’il s’essayait, en épousant Mathilde Mauté, à une vie rangée et à un bonheur bourgeois, a semblé revenir à une écriture plus traditionnelle. La relation avec Rimbaud, qui naît en 1871, va tout remettre en question. Le recueil témoigne de ce tiraillement entre deux orientations, à la fois personnelles et littéraires. Après de nombreux remaniements, le livre paraît au printemps 1874, alors que l’auteur se trouve en prison en Belgique à la suite du coup de révolver tiré contre Rimbaud. Sa diffusion, sous forme de plaquette à tirage limité et sans mise en vente, restera confidentielle jusqu’à sa réédition en 1887, où il sera consacré comme un sommet de l’art verlainien.

Une errance amoureuse, un itinéraire poétique

Les 22 poèmes de Romances sans paroles se répartissent en trois sections : « Ariettes oubliées », « Paysages belges » et « Aquarelles ». Si l’on en juge par les mentions des lieux et des dates, les textes se succèdent selon la chronologie de leur rédaction, au fil des pérégrinations des deux amants dans le nord de la France, la Belgique, puis l’Angleterre...

La première section regroupe neuf poèmes dont l’unité, comme le suggère le titre (l’ariette est « un air léger, qui s’adapte à des paroles »), réside dans la résonance entre un paysage et un « état d’âme » essentiellement à partir d’impressions sonores, qu’elles aient pour origine un bruit naturel – comme le vent, la pluie ou un cri d’animal (I, III, VIII, IX…), un air de piano ou encore un chant (II, V).

La deuxième section, « Paysages belges », évoque les lieux traversés par Verlaine et Rimbaud au cours de leur périple. À la différence des « Ariettes oubliées », les sensations sont ici davantage visuelles (picturales) que sonores (musicales), et les paysages plutôt urbains et « modernes » (gares, trains, forges…). Le dernier poème, « Birds in the night », censé avoir été écrit après une visite de Mathilde, se distingue significativement des précédents : par son titre anglais, son double lieu de rédaction (Bruxelles et Londres) et sa forme plus « classique » (une longue série de quatrains en décasyllabes), il semble d’ailleurs faire la transition avec la section suivante, « Aquarelles ».

Celle-ci comporte six poèmes, les cinq premiers composés à Londres, le sixième sur le bateau du retour, entre Douvres et Ostende. Néanmoins, en dépit de son titre, qui semble poursuivre l’inspiration picturale des « Paysages belges », et des titres anglais, Londres et l’Angleterre n’apparaissent ici qu’en de rares occasions et comme en filigrane (la gigue et la Tamise dans « Streets », le prénom Kate dans « A poor young shepperd »). Quant au traitement impressionniste des paysages, si caractéristique des deux premières sections, il laisse en partie la place à une forme prosodique et une inspiration élégiaque plus traditionnelles.

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  • VERLAINE PAUL (1844-1896)

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    ...intercesseur à la fois poétique et vital : Rimbaud. Impure sur le plan moral, cette expérience l'a purifié au point de vue poétique. C'est pourquoi les Romances sans paroles (1874), fruit de cette conjonction unique, résonnent si profondément, si mystérieusement. Mais Verlaine est incapable de suivre...