PRODI ROMANO (1939- )
Homme politique italien. Premier ministre (1996-1998 ; 2006-2008) et président de la Commission européenne (1999-2004).
Né en 1939, près de Reggio-Emilia (Émilie-Romagne), dans une terre dominée dès les lendemains de la libération de l'Italie par le Parti communiste, ce fils d'ingénieur effectue ses études à Bologne. Après un passage à la London Schools of Economics, il devient professeur d'économie. Son activité universitaire l'amène à enseigner à Harvard et à diriger le prestigieux Centre d'économie industrielle (Nomisma) de Bologne. Sa parfaite connaissance des problèmes du secteur de l'économie publique et sa fréquentation de l'aile gauche de la Démocratie chrétienne contribuent à sa nomination, pour quelques mois, au poste de ministre de l'Industrie dans l'un des gouvernements de Giulio Andreotti, en 1978-1979. Les Italiens apprennent à le connaître à partir de 1982, lorsqu'il dirige le holding public de l’Institut pour la reconstruction industrielle (IRI). En sept ans, il assainit, restructure, privatise en partie et licencie du personnel. Il reprend du service en 1993, mais démissionne l'année suivante quand le centre droit, emmené par le magnat de la télévision Silvio Berlusconi, s'empare du pouvoir. Ce technocrate entre alors en politique.
L'Italie est en pleine tourmente. La défiance envers la politique s'accroît, la plupart des partis politiques traditionnels s'effondrent tandis que d'autres éclosent. Une partie des centristes et la gauche, qui a subi une déroute historique en 1994, sont prêts à se liguer pour abattre Silvio Berlusconi. Le nouveau mode de scrutin, adopté en 1993, à la fois majoritaire et proportionnel, et la personnalisation croissante de la compétition électorale incitent à former des coalitions bipolaires et à chercher des leaders. En février 1995, Romano Prodi propose sa candidature : il réussit à fédérer les modérés et la gauche, notamment le Parti démocratique de la gauche (PDS, ex-communiste) dans un regroupement dit de L'Olivier, soutenu de l'extérieur par les communistes. En avril 1996, au terme d'une campagne de proximité, cet homme probe, responsable, calme, rassurant, qui n'a pas hésité à annoncer des sacrifices, emporte de peu les élections législatives. Son gouvernement déclare rapidement vouloir respecter les critères du traité de Maastricht et réaffirmer la présence de l'Italie sur la scène internationale. Les programmes d'austérité se succèdent afin de juguler l'inflation, de combler le déficit public et d'entamer la réduction de la dette. Prodi reçoit le soutien du patronat, des syndicats et de la majeure partie de la gauche qu'il entend, selon ses propres termes, « décongeler ». Car ce catholique, souvent comparé à Jacques Delors, souhaite dépasser les frontières de la gauche : au cours de l'été de 1998, il adhère à la théorie de la « troisième voie » proposée par Tony Blair. Au final, l'Italie, grâce à un effort collectif, déjoue tous les pronostics et participe au lancement de l'euro. Le président du Conseil n'a guère le temps de savourer son succès. En octobre 1998, le Parti de la Refondation communiste qui, depuis les premiers jours, n'a cessé d'exercer une forte pression, fait tomber son gouvernement après 876 jours d'exercice.
Romano Prodi bénéficie rapidement d'une autre conjoncture favorable. En mars 1999, la démission de la Commission européenne laisse vacant le siège de Jacques Santer, son président : Romano Prodi présente un profil idéal pour lui succéder. Tant pour les Européens, car il rassure aussi bien la gauche et le centre qu'une partie de la droite, que pour les responsables politiques transalpins, contents de placer l'un des leurs à Bruxelles et de se débarrasser d'un concurrent. Pourtant, Romano Prodi[...]
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Écrit par
- Marc LAZAR : professeur émérite d'histoire et de sociologie politique à Sciences Po, Paris
Classification
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