ROME, NAPLES ET FLORENCE, Stendhal Fiche de lecture
Rome, Naples et Florence (1826), version très remaniée d'un livre paru neuf ans plus tôt (Rome, Naples et Florence, en 1817) est le deuxième ouvrage d'Henri Beyle (1783-1842) et le premier signé du pseudonyme de Stendhal. À travers ce récit de voyage, l'auteur témoigne de son amour pour un pays avec lequel il entretiendra tout au long de sa vie une relation privilégiée, pour ne pas dire passionnelle.
En 1826, Stendhal n'a encore écrit aucun de ses grands romans (Armance paraîtra en 1827, Le Rouge et le Noir en 1830…). Après une enfance et une adolescence vécues dans la détestation d'une ville (Grenoble) et d'une famille étouffantes, et la découverte peu enthousiaste de Paris, la rencontre avec l'Italie en 1800-1801, dans le sillage de l'armée de Bonaparte, lui a offert une seconde patrie. Par la suite, il y voyagera et y séjournera régulièrement (surtout à Milan, sa ville de prédilection), y connaîtra de mémorables amours (Angela Pietragrua, Matilde Dembowski, Giulia Rinieri…), et lui consacrera plusieurs livres : Histoire de la peinture en Italie (1817), Vie de Rossini (1823), Promenades dans Rome (1829), La Chartreuse de Parme (1839), Chroniques italiennes (posthume, 1955).
« Je verrai donc cette belle Italie »
Contrairement à ce que le titre indique, le livre suit, sous la forme d'un journal de voyage, un itinéraire quelque peu erratique qui part de Milan le 24 septembre 1816, puis passe, entre autres, par Pavie, Parme, Modène, Bologne, Volterra, Naples, Reggio de Calabre, pour s'achever à Rome le 18 octobre 1817. Ces différentes étapes n'occupent pas une place égale, loin de là : Milan, Bologne et Naples se taillent la part du lion ; viennent ensuite Florence et Rome ; les autres ne bénéficient que d'une page ou deux.
À peine arrivé à Milan, Stendhal se précipite à la Scala. S'il aime à flâner dans les rues et ne manque pas de visiter le Duomo ou d'aller voir La Cène de Léonard de Vinci et les chefs-d’œuvre du musée de Brera, tout le ramène à « ce premier théâtre du monde », véritable épicentre de la vie milanaise. Durant les trois mois et demi de son séjour, il y retourne presque chaque soir, jamais lassé d'écouter une musique qui le ravit (« la musique seule vit en Italie ») et, surtout, d'observer, dans ces loges dont il devient un familier, les comportements si peu compassés des spectateurs (on se fait apporter des sorbets en pleine représentation !) et d'écouter les conversations et les anecdotes.
Quittant Milan à contrecœur, Stendhal, après de brèves haltes à Pavie, où il visite l'université, à Parme, où il admire les fresques du Corrège, et à Modène, où l'omniprésence des jésuites le révulse, arrive à Bologne, où il reste environ trois semaines. S'il garde encore à l'esprit le charme de Milan, il apprécie la ville, dont il admire les monuments célèbres et les œuvres laissées par une famille de peintres, les Carrache. Il occupe ses journées à des promenades ou, les jours de pluie, à des lectures, et ses soirées à fréquenter la société bolognaise. Là, il devient notamment un familier du cardinal Lante, « grand seigneur » dont il apprécie l'ouverture d'esprit et la liberté de parole.
Le voyage se poursuit jusqu'à Florence, abordée avec émotion : « C'est là qu'ont vécu le Dante, Michel-Ange, Léonard de Vinci, me disais-je ; […] C'est dans ces murs que la civilisation a recommencé. » Stendhal parcourt la ville, où « rien ne trouble la belle harmonie [des] rues », et « où respire le beau idéal du Moyen Âge ». Il y assiste à une représentation du Barbier de Séville, de « [son] aimable Rossini ». Pourtant, s'il s'extasie devant les traces de ce passé glorieux, l'esprit florentin lui apparaît froid et étriqué : « En arrivant de Bologne, ce[...]
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Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
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