ROME
Rome, foyer artistique
Jusqu'au xixe siècle, Rome fut un des principaux foyers d'art de l'Europe. En instituant, en 1666, l'Académie de France à Rome, Colbert ne fit que sanctionner au profit des « pensionnaires » de Louis XIV une coutume internationale : le voyage à Rome, jugé indispensable à la formation d'un artiste. Depuis le xvie siècle, d'importantes colonies d'artistes, rassemblés par nations, s'étaient constituées à Rome et accueillaient les nouveaux venus. Les meilleurs cherchaient à bénéficier de la clientèle des papes et des riches amateurs ; tous pratiquaient assidûment les maîtres de la Renaissance et de l'Antiquité.
École féconde d'abord, où naissent les grands courants de l'art européen, Rome, au xixe siècle, s'épuise ; son évolution artistique ne concerne plus qu'elle-même. L'académisme solennel du temps du roi Humbert Ier, la manie fasciste de l'emphase affectèrent longuement l'architecture de la capitale de l'Italie. Cependant, l'expansion urbaine est planifiée depuis 1870, et, aujourd'hui, c'est surtout loin du centre historique, dans certains quartiers de création récente, que les urbanistes contemporains, délivrés des servitudes du pastiche, proposent des solutions neuves : Monte Mario, l'E.U.R. (exposition universelle de Rome).
Survivance de l'antique
Si l'exemple de l'art antique resta prééminent en Occident, ce fut en grande partie à cause du destin particulier de Rome. La ville survécut à sa déchéance (fondation, en 326, d'une nouvelle capitale de l'Empire romain sur le Bosphore, Constantinople). Pillée par les Barbares (en 410 par Alaric, en 455 par Genseric, en 472 par Ricimer, et encore en 1085 par le Normands de Robert Guiscard), elle ne fut pas rasée. La population décimée (probablement 1 million d'habitants sous l'Empire ; 50 000 habitants environ au viie siècle) avait abandonné les collines où l'eau ne coulait plus des aqueducs ruinés, pour se rassembler sur les bords du Tibre, dans l'ancien quartier monumental du champ de Mars, sur l'île Tibérine et sur les rives du Transtévère. Le peuple improvisait des logis dans les thermes abandonnés, au flanc des théâtres, sous les portiques, à l'aide de matériaux arrachés aux murs antiques. Les nobles accaparaient un ou plusieurs monuments : le mausolée d'Auguste servit de camp retranché aux Colonna (xie-xiiie siècle) ; les Frangipani s'embusquèrent sur le Palatin, tenant aussi, vers 1145, l'arc de Titus, le Colisée, le Septizonium et le Grand Cirque. Sur le Capitole, le Tabularium fut le repaire des Corsi (xie siècle), avant d'accueillir le sénat de la Commune de Rome, proclamée au xiie siècle. Le mausolée d'Hadrien, dès longtemps transformé en prison-forteresse (le château Saint-Ange), constituait l'avant-poste de la basilique et du palais pontifical du Vatican. En sorte que la ville médiévale, qui n'eut jamais de dessin propre, ne fut qu'une prolifération de la ville antique. Les tours baronales poussèrent sur les ruines croulantes, constituées en rocca. La tour des Milices, ouvrage des Conti (1210), domine encore aujourd'hui le quartier des marchés de Trajan.
Le prestige de la ville restait immense : on honorait à Rome la tombe de l'apôtre Pierre, et cette antique métropole d'un empire païen était devenue la ville sainte des chrétiens d'Occident. Son rang de capitale religieuse lui avait été officiellement acquis après la conversion de Constantin (313). Les fondations de cet empereur s'élevèrent, il est vrai, sur des tombes de martyrs et hors des murs ; ces lieux saintsextra muros, où tendait la dévotion des pèlerins, devaient déterminer tout un système centrifuge d'axes urbains, mais qui, calqué sur le réseau divergent[...]
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Écrit par
- Géraldine DJAMENT : agrégée de géographie, ancienne élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, docteur en géographie, maître de conférences en géographie
- Sylvia PRESSOUYRE : conservateur des Musées nationaux, attachée de recherche au C.N.R.S.
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