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CASTELLUCCI ROMEO (1960- )

Metteur en scène, plasticien, scénographe, Romeo Castelluci (né en 1960 à Cesena, Emilie-Romagne) est intimement lié à l'aventure artistique de la Societas Raffaello Sanzio, qu'il fonde en 1981 avec sa sœur Claudia et une autre fratrie composée de Chiara et Paolo Guidi. Basé à Cesana, ce groupe, augmenté de jeunes étudiants issus de diverses disciplines, va amorcer une recherche théâtrale influencée par sa relation subjective et distanciée avec la méthode du jeu d'acteur de Stanislavski et sa rencontre avec le théâtre subversif de Carmelo Bene. La compagnie s'appuie dès son origine sur une exploration et une réflexion liées à l'écriture scénique, auxquelles s'ajoute son goût pour les arts plastiques, afin d'inventer de nouvelles formes dramatiques de représentation.

Le chemin vers la tragédie

Les premiers spectacles, qui ont lieu dans des galeries d'art ou des locaux désaffectés, accumulent des formes volontiers symboliques et ésotériques, dont la portée théâtrale reste encore embryonnaire. Le groupe se veut alors « néoplatonicien iconoclaste », et développe une critique des images. Le premier spectacle marquant de la Societas, Santa Sofia Teatro Khmer, est créé dans l'ancienne école de ferronnerie de Cesena en 1985, à partir d'une conception de Claudia Castelluci, qui mêle l'évocation de la sainte byzantine avec les aspirations au renouveau du théâtre khmer. Cette amorce de voyage au cœur des cultures non occidentales s'élargira dans les années suivantes avec un cycle consacré aux grandes figures mythologiques, à travers lesquelles la compagnie construit ses propres mythes. Parallèlement, elle entre en lutte avec la représentation de la tragédie considérée comme une simple soumission à l'œuvre littéraire. Naissent ainsi, sous la direction de Romeo Castellucci : La Descente d'Innana (1989), Gilgamech, Isis et Osiris (1990), et Adhura Mazda (1991).

Cette approche singulière s'ouvre dès l'année suivante aux grandes œuvres occidentales avec Hamlet, la véhémente extériorité de la mort d'un mollusque, déconstruction de la légende du héros shakespearien qui s'accompagne d'une plongée dans les articulations du langage et interroge le mythe de l'acteur. Une recherche qui se poursuit notamment avec une mise en scène de la trilogie d'Eschyle, L'Orestie (1995), accueillie sur de nombreuses scènes internationales et qui instaure des rapports inédits entre le jeu et le corps de l'acteur et les nouvelles technologies. Elle se radicalise encore avec la création de Jules César (1997) – présentée au public d'Avignon l'année suivante – qui offre une version d'une force inquiétante et funèbre de l'œuvre shakespearienne. Les personnages sont interprétés par des acteurs au corps dévasté, et le discours d'Antoine est proféré par un comédien victime d'une trachéotomie dont la plaie reste visible. La place du texte n'est plus dominante dans la représentation, qui trouve son expression dans l'intégration de différents composants susceptibles d'établir une relation organique avec elle. Dans cette optique, c'est dans l'assemblage maîtrisé des corps, – parfois difformes ou mutilés – et de leurs mouvements, la présence d'animaux, l'introduction de nouvelles technologies savamment dosées, de bandes sonores et de musiques prégnantes, que Castellucci vise à établir une relation sensorielle avec les spectateurs. Pour lui, « le théâtre ne doit pas être une restitution mais une rencontre avec des figures inconnues qui trouvent un écho en chacun de nous ».

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Médias

<it>La Divine Comédie</it> de Dante, mise en scène de Romeo Castellucci - crédits : Pool Paris/ TAUB/ Gamma-Rapho/ Getty Images

La Divine Comédie de Dante, mise en scène de Romeo Castellucci

<em>The Four Seasons Restaurant</em>, Romeo Castellucci - crédits : Jean Marc Zaorski/ Gamma-Rapho/ Getty Images

The Four Seasons Restaurant, Romeo Castellucci

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