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BETANCOURT RÓMULO (1908-1981)

Toute la vie de Rómulo Betancourt, politicien habile, est étroitement liée à l'Action démocratique (A.D.) vénézuélienne, parti dont il est le fondateur. Né en 1908 à Guatire dans le Miranda, Betancourt entame des études de droit à l'université de Caracas, bientôt interrompues par ses activités politiques. Il prend en effet la tête d'un mouvement étudiant contre la dictature de Juan Vicente Gómez. Arrêté, il passe quelque temps en prison avant de prendre pour la première fois le chemin de l'exil, qui le conduit en Colombie, puis au Costa Rica. La mort de Gómez en 1935 permet à Betancourt de regagner Caracas, d'achever ses études et d'ouvrir un cabinet d'avocat. Ce répit est cependant de courte durée, puisque le nouveau président, le général López Contreras, le renvoie en exil pour avoir voulu organiser des syndicats à travers le pays. Il échappe un temps aux poursuites et se réfugie dans la clandestinité. Il en profite pour créer le Parti démocratique national, qui se transforme par la suite en Action démocratique. Après avoir passé quatre ans en exil au Chili, Betancourt rentre au Venezuela et crée un nouveau journal, El Pais, porte-parole de l'A.D. Il prend une part active au soulèvement d'un groupe de jeunes officiers mécontents du président en exercice, le général Medina Angarita, qu'ils finissent par renverser en 1945. Betancourt est alors porté à la présidence de la République et y restera jusqu'aux élections de 1947. Son successeur élu est l'écrivain Rómulo Gallegos, candidat de l'A.D., mais, en 1948, un nouveau coup d'État militaire coupe court à cette continuité démocratique. Le général Marcos Pérez Jiménez s'installe à la présidence et Betancourt s'exile aux États-Unis. Il passe ensuite quelque temps à Cuba et au Costa Rica. À la chute de la dictature de Jiménez en 1958, il rentre au Venezuela, reprend son étude d'avocat et se présente à l'élection présidentielle. Il l'emporte nettement et demeure à son poste jusqu'à l'expiration de son mandat en 1964. C'est durant cette période que l'on assiste à la montée du mouvement de guérilla au Venezuela. Malgré son passé de sympathisant communiste et d'adversaire résolu des dictatures, Betancourt n'hésite pas à recourir à une vigoureuse répression. En politique étrangère, il élabore la « doctrine Betancourt », selon laquelle le Venezuela se refuse à reconnaître les régimes issus de coups de force. Après avoir passé légalement le pouvoir à Raúl Leoni, également membre de l'A.D., Betancourt se retire aux États-Unis, puis en Suisse. Il ne se désintéresse pas pour autant de la politique vénézuélienne : inquiet des suites d'une scission intervenue au sein de son parti, il regagne le Venezuela en 1968, mais ce retour n'évitera pas la victoire aux élections présidentielles du candidat du parti social-chrétien (Copei), Rafael Caldera. L'A.D. garde néanmoins la majorité au Congrès, et Betancourt repart pour la Suisse. En 1972, il songe un instant à se présenter de nouveau à l'élection présidentielle, regagne le Venezuela et arrive à Caracas presque en même temps que son ancien rival, le dictateur Pérez Jiménez. Il décide finalement de ne pas être candidat, et c'est le membre de son parti le mieux placé après lui, Carlos Andrés Peréz, qui gagne devant le candidat du Copei, permettant ainsi à l'A.D. de reprendre les rênes. Mais l'A.D. n'est plus le mouvement populaire qu'elle était à ses débuts et s'est laissé gagner par le réformisme.

Dans Politique et pétrole (Política y petroleo, 1956), Betancourt a expliqué ses conceptions en matière pétrolière. Durant son premier passage au pouvoir, plutôt que de nationaliser l'industrie pétrolière, l'A.D. avait préféré faire voter la loi[...]

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    ...mécontents menés par Marcos Pérez Jiménez et de membres de l'AD, renverse le gouvernement Medina : c'est la Revolución de octubre qui porte Rómulo Betancourt à la tête de la Junte révolutionnaire de gouvernement. De nouveaux syndicats et partis sont créés et reconnus : l'Union républicaine...