ARAD RON (1951- )
Né à Tel-Aviv en 1951, Ron Arad appartient à la génération du postmodernisme qui voit le design renouer avec les arts décoratifs et s'ancrer dans l'art contemporain. Son itinéraire est celui d'un artiste dont la créativité s'est vue en quelque sorte renforcée par la technique.
Après un an passé à l'école des Beaux-Arts Bezajel de Jérusalem, Ron Arad s'installe à Londres en 1973 afin d'étudier à l'Architectural Association School, où il est marqué par l'enseignement libre de Rem Koolhaas, Peter Cook et Bernard Tschumi, figures importantes du postmodernisme architectural, et où étudie également Zaha Hadid. Diplômé en 1979, il travaille dans un cabinet d'architectes. Mais son intérêt le porte à s'orienter vers le design au moment où celui-ci, après la création du groupe Memphis d'Ettore Sottsass, gagne en pouvoir imaginaire et renoue avec l'artisanat, à rebours de la doxa moderniste et fonctionnaliste alors dominante. En 1981, il crée avec Caroline Thorman et Dennis Grove l'atelier-show room One Off et signe un « Rocking Chair » qui sera fabriqué par un sous-traitant à plusieurs centaines d'exemplaires. Son fauteuil « Rover » (1981), inspiré par Jean Prouvé et Marcel Duchamp et réalisé à partir d'un siège d'automobile, annonce son goût pour les courbes tendues dans la lignée du streamline. Son penchant pour la récupération et le ready-made se confirme avec la lampe futuriste « Aerial » (1982), réalisée à partir d'une antenne. La chaîne hi-fi « Concrete Stereo » (1983), moulée avec du béton, ouvre la voie d'un design sculptural et expérimental fondé sur un jeu avec le matériau. Ses œuvres sont largement médiatisées et rencontrent l'intérêt d'un réseau de critiques, de musées et de galeries, qui multiplient les présentations de la nouvelle scène de l'art-design international. Porté en outre par ses succès au Salon du meuble de Milan, Ron Arad s'engage plus avant dans la voie du design. À la manière d'un Norman Foster, sa démarche high-tech l'oriente vers l'utilisation de l'acier trempé, un matériau peu usité dans le mobilier et qu'il travaillera essentiellement pour des assises, tantôt de manière finie, tantôt de manière brute, à l'image du sculpteur Richard Serra, jouant avec la soudure et le martelage. En partenariat avec le fabricant de meubles suisse Vitra, il crée la « Tempered Chair » en tôle d'acier soudée (1986), qui inaugure une série de sièges aux formes élastiques et rebondies, dont les plus célèbres seront « Big Easy » (1988) et « Tom Vac » (1997), réalisée à partir d'une feuille d'aluminium servant d'assise. En revanche, il n'emploie le bois, matériau traditionnel du meuble, que très occasionnellement.
En 1989, il fonde à Londres avec Alison Brooks et Caroline Thorman un cabinet d'architecture et de design, Ron Arad Associates, qui fusionnera avec One Off quatre ans plus tard. Après l'aménagement de son propre studio, le cabinet conçoit l'auditorium et le foyer de l'Opéra de Tel-Aviv, première commande importante en matière d'architecture, qui est achevé en 1998. Parallèlement, Ron Arad ouvre en 1994 un atelier à Côme, où, jusqu'en 1999, il assurera sa propre production de séries limitées fondée sur le savoir-faire artisanal italien. En 1997, à l'initiative du directeur Christopher Frayling, il prend la tête du département design de produits du Royal College of Art de Londres. Ce poste d'enseignant lui permet de donner un plus large écho à ses conceptions. Il oriente sa démarche vers l'exploitation de procédés techniques de pointe, qui offrent également une publicité à ses créations. Son siège « Tom Vac », sa série de vases « Boop » (1998) et, à partir de 2005, ses chaises en maille d'acier empruntée aux tapis roulant de l'industrie agroalimentaire[...]
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Écrit par
- Stéphane LAURENT : maître de conférences habilité à diriger des recherches à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, responsable de la spécialité design, mode, arts décoratifs
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