COASE RONALD HARRY (1910-2013)
Le problème du coût social
En 1960, Coase publie son deuxième article séminal, « The Problem of Social Cost » qui constitue un aspect de ses travaux beaucoup plus discuté. Il explore dans cet article la façon de dédommager les individus des effets négatifs des actions d'autres individus (les externalités). Prenant l'exemple du contrôle de la pollution, il explique que s'il y a des droits de propriété clairement affectés à toutes les ressources considérées, et si tous les agents économiques peuvent se mettre en relation pour négocier entre eux, alors les agents eux-mêmes seront incités à conclure des accords volontaires pour transférer les coûts de la pollution des victimes vers les responsables. En outre, la valeur du revenu national ne sera pas modifiée par l'affectation de la « responsabilité pour pollution » telle qu'elle est déterminée par les négociations privées. C'est cette seconde proposition qui est plus connue sous le nom de théorème de Coase. Son auteur en conclut qu'en l'absence de coûts de transaction une allocation optimale des ressources peut être obtenue, hors de toute intervention légale, par la libre négociation des droits de propriété. Ce qui signifie aussi que si, à l'inverse, les coûts de transaction sont élevés, alors le résultat de la négociation ne sera plus optimal. D'autres arrangements institutionnels pourront alors se révéler plus efficaces.
Les avancées théoriques réalisées par Coase depuis 1937 ont fait de lui un personnage très respecté de la communauté universitaire et il est probablement l'un des derniers économistes à avoir donné son nom à un théorème qui n'utilise pas la langue mathématique. Certains de ses collègues confirmèrent à l'occasion de sa consécration qu'il n'avait jamais considéré les chiffres avec bienveillance et que cela avait vraisemblablement ralenti sa marche vers le Nobel. Coase n'en est pas moins reconnu comme l'un des esprits les plus originaux et indépendants de sa génération. Son attitude discrète et quelque peu effacée lui valut d'être qualifié de « reclus de Chicago » par le professeur George Stigler (Prix Nobel 1982). Cela ne l'empêcha pas de participer à de nombreuses conférences autour du monde, d'animer en France, à la veille de sa récompense, la session annuelle de l'école d'été méditerranéenne d'économie industrielle et d'être décoré du titre de docteur honoris causa à la Sorbonne en 1998.
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Écrit par
- Françoise PICHON-MAMÈRE : maître de conférences, université Paris-Sorbonne
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