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REAGAN RONALD (1911-2004)

Ronald Reagan, ancien acteur de Hollywood entré tardivement en politique, devient en 1981 le quarantième président des États-Unis. Sa large victoire électorale, qui a surpris les Américains et le monde entier, est l'aboutissement de la montée du courant conservateur amorcée à la fin des années 1960. En politique intérieure, Reagan s'attaque au rôle trop important de l'État fédéral, notamment en matière économique, suivant en cela la voie de Margaret Thatcher au Royaume-Uni. Sur le plan extérieur, guidé par son anticommunisme, il est déterminé à rétablir l'image des États-Unis dans le monde et à s'opposer aux empiétements de l'adversaire soviétique, avec lequel il signe, en 1987, un traité sur la réduction des armements nucléaires. Ses talents d'orateur, doublés d'une bonne maîtrise des médias, ont fait de lui un président très populaire dans son pays.

De Hollywood à la Maison-Blanche

Ronald Wilson Reagan est né le 6 février 1911 à Tampico (Illinois), dans une famille modeste. Il connaît d'abord le succès comme reporter sportif et présentateur de radio dans l'Iowa (1933-1937). À l'été de 1937, il part pour Hollywood, où il tourne dans cinquante-trois films – pour la plupart de série B. Il épouse en janvier 1940 l'actrice Jane Wyman dont il divorcera en juillet 1949. Il figure parmi les acteurs les mieux payés lorsque, en 1942, la guerre le contraint à interrompre sa carrière.

Après le conflit, celle-ci commence à décliner. Mais il en débute une autre qui va le fasciner. Président de la Screen Actors Guild de 1947 à 1954, il joue un rôle crucial dans les purges anticommunistes qui secouent Hollywood, tout en conservant une image de démocrate progressiste. Cependant, son second mariage en mars 1952 avec l'actrice Nancy Davis (née Anne Frances Robbins), son admiration pour le dynamisme des grandes entreprises (de 1954 à 1962, il présente chaque dimanche les téléfilms financés par la General Electric) et sa vigoureuse opposition à la progressivité de l'impôt sur le revenu le poussent vers le conservatisme et le parti républicain, auquel il adhère officiellement en 1962.

En 1964, un discours télévisé en fait le héros de la droite radicale de cette formation. Son charisme lui permet d'être élu (en 1966) et réélu (en 1970) gouverneur de Californie. En novembre 1980, fort de cette expérience à la tête du plus grand État du pays et porté par la « révolution conservatrice » en gestation depuis le milieu des années 1970, l'ancien acteur est élu président des États-Unis (poste qu'il occupera de janvier 1981 à janvier 1989) avec 51 p. 100 des voix, face au président sortant Jimmy Carter (41 p. 100).

Consacrant le mariage de Hollywood et de Washington mais aussi celui du populisme et du capitalisme, son élection illustre le talent de grand communicateur qui lui a été unanimement reconnu. Ce talent est dû à la maîtrise successive qu'il a su acquérir de tous les grands médias mais encore plus à son imprégnation profonde, tout au long de son existence, des valeurs les plus vivaces de l'Amérique (religion, sport, mythes historiques et cinématographiques). Il est probablement plus que tout autre à même d'incarner les contradictions dont les rêves des Américains sont faits.

Ronald Reagan - crédits : Dirck Halstead/The LIFE Images Collection/ Getty Images

Ronald Reagan

En dépit des faiblesses que ses critiques ne manquent pas de relever (gaffes, ignorance des dossiers, absence de curiosité intellectuelle, tendance à laisser l'astrologue de sa femme fixer son calendrier), ce talent, doublé d'un exceptionnel instinct politique, lui permet, avec l'aide d'une formidable équipe de relations publiques, d'incarner l'image d'un leader authentique, de s'ériger en prophète inspiré et de rendre foi dans leur destin à ses concitoyens.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Ronald Reagan - crédits : Dirck Halstead/The LIFE Images Collection/ Getty Images

Ronald Reagan

Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, 1985 - crédits : White House/ Archive Photos/ Getty Images

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