REAGAN RONALD (1911-2004)
Un président populaire
Sur le plan intérieur, parallèlement à un discours prônant les vieilles valeurs morales, il procède à la nomination de juges conservateurs. Mais sa priorité est la réhabilitation du marché et l'arrêt de la progression jusqu'ici accélérée du rôle social de l'État. Ce dernier, aime-t-il à proclamer, « n'est pas la solution au problème. Il est le problème ». Son programme économique repose sur la déréglementation, sur une lutte sévère contre l'inflation, sur la réduction des dépenses (à l'exception du budget militaire) et sur une relance de l'initiative privée grâce à une baisse sans précédent de la fiscalité (« économie de l'offre »). Sa réalisation bute sur d'importantes difficultés ; néanmoins, malgré un prix élevé (creusement sans précédent des déséquilibres de la balance commerciale et du budget, accroissement des inégalités et glissement des États-Unis du statut de créancier net à celui de plus gros débiteur mondial), Reagan offre au pays sa plus longue période d'expansion économique depuis 1945. Il favorise la restructuration de l'appareil de production qui contribue probablement à renforcer, quelques années après, la suprématie économique et technologique des États-Unis. Dès 1984, la prospérité retrouvée lui vaut, lors de l'élection présidentielle en novembre, d'être réélu largement (59 p. 100 des voix), face au démocrate Walter Mondale.
Son plus grand succès a été de présider à l'extension de la démocratie dans les pays en développement (Argentine, Brésil, Philippines, Corée du Sud) ainsi qu'aux premiers craquements d'un empire soviétique qu'il honnissait depuis des décennies. Il intensifie, lors de son premier mandat, les tendances amorcées à la fin de la présidence Carter : raidissement face à l'autre camp et accroissement des dépenses militaires. En lançant, en 1983, l'Initiative de défense stratégique (I.D.S.), il entend montrer à l'U.R.S.S. qu'elle a eu tort de se lancer dans une course aux armements qu'elle n'a aucun espoir de gagner. En 1985, il se trouve en position de force pour engager le dialogue avec Mikhaïl Gorbatchev, qui s'apprête à remettre en question l'expérience communiste.
À partir de l'automne de 1986, la chance – il a miraculeusement survécu à un attentat (30 mars 1981) et les observateurs parlent volontiers de « présidence Teflon » à son sujet – semble l'abandonner. L'affaire de l'Iran-Contragate (la vente illégale d'armes à l'Iran a permis de financer la guérilla antisandiniste du Nicaragua alors que le Congrès avait interdit une telle aide) sème la consternation dans l'opinion et la colère au Congrès. À la fin de 1987, pourtant, le réchauffement des relations avec l'U.R.S.S. (signature du traité de Washington, en décembre, sur le désarmement nucléaire) et le maintien, au prix d'un fort déficit de la balance commerciale et du budget, d'une indéniable prospérité lui assurent une « sortie en beauté ».
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Écrit par
- Pierre MELANDRI : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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