RONDE-BOSSE, sculpture
Dans le langage courant, une ronde-bosse est souvent définie comme une sculpture « dont on peut faire le tour ». L'expression « ronde-bosse » associe d'ailleurs au mot « bosse », équivalent ancien de sculpture, un adjectif qui implique que l'œuvre ainsi qualifiée est un volume fermé autour duquel un circuit est possible. Possibilité plus théorique que réelle d'ailleurs puisque l'emplacement de nombreuses sculptures en ronde bosse interdit une telle démarche (statue placée dans une niche par exemple). Aussi doit-on rejeter l'idée, pourtant très répandue, selon laquelle une ronde-bosse est faite pour être visible sur toutes ses faces : l'état d'inachèvement de la partie postérieure (comme dans le cas de l'Hermès dit de Praxitèle à Olympie), voire même l'inexistence d'un véritable revers (statues médiévales en bois, entièrement évidées dans le dos) ne permettent pas de refuser à une œuvre la qualité de ronde-bosse. Mais dans une certaine mesure la notion de ronde-bosse, comme celle qui permet de distinguer les divers types de reliefs, se réfère inévitablement à une conception franchement figurative de la sculpture. Aussi est-elle difficile à utiliser dans l'étude de la sculpture contemporaine où l'antinomie traditionnelle entre le relief et la ronde-bosse semble parfois dépassée : ainsi Hajdu, dont plusieurs compositions, présentées comme des rondes-bosses, sont en fait des reliefs à claire-voie, conçus pour être visibles sur les deux faces, système dont la sculpture ancienne n'offre que de rarissimes exemples (Vierge à l'Enfant en marbre, à double face, de Villeneuve-lès-Avignon). Pourtant, le mouvement hyperréaliste, dans son parti pris de représentation intégrale, a poussé jusque dans ses conséquences les plus extrêmes les possibilités de la sculpture en ronde bosse.
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Écrit par
- Jean-René GABORIT : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre
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