RONGEURS ET LAGOMORPHES
Les Rongeurs
La classification des Rongeurs a connu bien des aléas en raison du grand nombre de formes que cet ordre comporte, et aussi du caractère incomplet des connaissances paléontologiques. Après avoir attaché une importance toute particulière à la disposition des muscles masticateurs, la systématique ne retient plus aujourd'hui que la structure dentaire. Cette dernière approche est sans doute la plus fructueuse pour des spécialistes ; elle a l'inconvénient d'être pratiquement impossible à exposer brièvement. On utilisera ici une classification plus ancienne, d'ailleurs adoptée par G. G. Simpson (1945), qui distingue trois sous-ordres dans l'ensemble des Rodentia : les Sciuromorphes, les Myomorphes et les Hystricomorphes.
Les Sciuromorphes
Le sous-ordre des Sciuromorphes comporte, à côté des écureuils, arboricoles et terrestres, les marmottes, les castors et des Rongeurs très primitifs, les aplodontes, vulgairement appelés castors de montagne et localisés dans les régions montagneuses de l'ouest de l'Amérique du Nord. Toutes ces formes recèlent bien des traits primitifs déjà présents chez leurs ancêtres de l'Éocène. Il est possible que ces groupes dérivent des Ischyromyoidea, un groupe de rongeurs nord-américains de l'Éocène. Cependant, certains auteurs considèrent que Sciuridés et Aplodontidés pourraient être issus d'un autre groupe de rongeurs nord-américains, les Sciuravides, qui apparaissent à l'Éocène inférieur.
Les écureuils vrais sont adaptés à la vie arboricole ; les arbres leur offrent le gîte, constitué d'un nid édifié à la fourche des branches, et la nourriture, composée essentiellement d'écorces, de glands, de faines, etc.
De nombreuses espèces peuplent les régions septentrionales du globe. Un certain nombre de formes africaines et asiatiques mènent une vie arboricole : on rencontre cependant, en Afrique seulement, des écureuils terrestres.
Très proches des écureuils sont les marmottes, remarquables par la capacité d' hibernation. Chez les marmottes alpines, l'endormissement a lieu en automne, souvent en groupes de dix à quinze individus au fond d'un terrier. La période de léthargie dure jusqu'au printemps, interrompue normalement tous les vingt et un à vingt-huit jours pour permettre à l'animal de vider sa vessie en dehors du terrier. Au cours de l'hibernation, la température interne du corps tombe de 36 à 8 0C, la perte de poids corporel peut atteindre 25 p. 100. En cas de froid trop vif, l'animal élève brusquement sa température et se réveille.
Les spermophiles (Citellus) d'Europe centrale, d'Asie et d'Amérique du Nord sont aussi des hibernants ; chez certaines des cent quatorze espèces ou sous-espèces décrites, la période de léthargie correspond à la saison sèche.
Les chiens de prairie (Cynomys), à l'allure de marmotte, sont des animaux communs de l'ouest des États-Unis, où ils constituent des colonies nombreuses. Leurs terriers, profonds et compliqués, sont marqués à la surface du sol par le monticule des déblais extraits. En cas de danger, le cri d'alarme jeté par un guetteur provoque la retraite immédiate dans leur abris de tous les individus de la colonie.
Les castors , animaux volumineux dont le poids peut atteindre 30 kg, sont bien adaptés à la vie aquatique : pattes postérieures palmées, queue énorme aplatie dorso-ventralement ; narines et oreilles pouvant être obturées en plongée. Les constructions des castors, terriers ou huttes selon le biotope, ont toujours leur entrée située sous la surface de l'eau ; une galerie d'accès conduit à une chambre d'habitation placée au-dessus du niveau de l'eau et aérée par une étroite cheminée. On sait que les castors barrent les cours d'eau, en aval de l'endroit où est construit leur abri, par des digues, de bois et de terre, continuellement[...]
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Écrit par
- Robert MANARANCHE : docteur ès sciences, maître assistant à l'université de Paris-VII
- Pierre-Antoine SAINT-ANDRÉ : paléontologue
Classification
Médias