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ROSETTA, sonde spatiale

La mission de Philae

La comète  67P/Tchourioumov-Guerassimenko vue par Philae - crédits : ESA/ Rosetta/ Philae/ CIVA

La comète  67P/Tchourioumov-Guerassimenko vue par Philae

Le 15 septembre 2014, les responsables de Rosetta avaient choisi pour le module Philae un site d’atterrissage appelé Agilkia, près du « sommet » du petit lobe de la comète. Philae a été largué par Rosetta le 12 novembre 2014 à 9 h 35 (heure française). Sept heures plus tard, il a bien atteint la surface à l’endroit prévu, mais a rebondi et s’est finalement bloqué dans des falaises à un kilomètre de là. Ses divers instruments étant opérationnels, malgré son atterrissage difficile, l’engin a effectué une première série d’expériences. Des molécules contenant du carbone ont bien été trouvées, ce qui n’est pas une surprise dans la mesure où du dioxyde de carbone, du méthane ou du méthanol avaient déjà été repérés par Rosetta. Mais ils ne contiennent chacun qu’un atome de carbone, alors que les acides aminés les plus simples, comme la glycine – détectée par ailleurs dans la queue de la comète par Rosetta –, en comportent deux. Des molécules à trois atomes de carbone auraient été identifiées, ce qui doit encore être confirmé par des analyses plus précises. Il s’agit bien là d’un des objectifs fondamentaux assignés à la mission Rosetta : confirmer la présence, sur les comètes, d’acides aminés, voire de molécules plus complexes, qui auraient pu ainsi se retrouver sur Terre pour aider à l’émergence de la vie. En revanche, la foreuse de Philae, qui devait collecter des roches et des glaces de surface, si elle a fonctionné, n’a rien récolté à cause de la manière dont le module s’est posé.

Philae a fonctionné pendant cinquante-sept heures avant d’être plongé dans le sommeil, faute d’énergie : le robot ayant atterri à l’ombre, il n’a pas pu recharger ses batteries grâce aux panneaux solaires. Mais, le 13 juin 2015, après deux cent onze jours de silence, Philae s’est réveillé. À mesure que la comète s’approchait du Soleil, l’éclairage des panneaux solaires a augmenté, ce qui lui a permis d’envoyer un message à la sonde Rosetta. Plusieurs communications ont eu lieu, mais sans permettre la poursuite des mesures scientifiques. Dans le même temps, l’activité de la comète augmentant, Rosetta a dû reculer jusqu’à 400 kilomètres du noyau et les communications ont cessé à la mi-juillet. Le 13 août 2015, la comète est passée au plus près du Soleil.

Le 2 septembre 2016, alors que Rosetta s’apprêtait à terminer sa mission par un atterrissage sur la comète, un cliché d’Osiris montrait Philae à la surface. Grâce à cette image, les scientifiques ont enfin pu savoir à quel endroit exact et dans quelle posture le module avait fini sa course et effectué ses quelques mesures.

 67P/Tchourioumov-Guerassimenko - crédits : ESA/ Rosetta/ MPS for OSIRIS Team MPS/ UPD/ LAM/ IAA/ SSO/ INTA/ UPM/ DASP/ IDA

 67P/Tchourioumov-Guerassimenko

Le 29 septembre, la manœuvre permettant à Rosetta de se poser sur la comète a été engagée. Durant cette descente, Rosetta a transmis ses dernières images et dernières mesures jusqu’à un ultime cliché pris à une altitude de seulement 20 mètres. Toutefois, ce dernier était défocalisé (flou) en raison de la trop grande proximité de la surface. Le 30 septembre 2016 marque la fin de cette mission, la sonde spatiale ayant atterri sur le sol de la comète 67P/Tchourioumov-Guerassimenko.

— Philippe HENAREJOS

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Écrit par

  • : journaliste scientifique, rédacteur en chef de la revue Ciel et espace

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Médias

Rosetta photographiée par Philae devant la comète  67P/Tchourioumov-Guerassimenko - crédits : Rosetta/ Philae/ CIVA/ ESA

Rosetta photographiée par Philae devant la comète  67P/Tchourioumov-Guerassimenko

La comète  67P/Tchourioumov-Guerassimenko - crédits : NAVCAM/ Rosetta/ ESA

La comète  67P/Tchourioumov-Guerassimenko

Image de détail du gros lobe de la comète  67P/Tchourioumov-Guerassimenko - crédits : NAVCAM/ Rosetta/ ESA

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