ROUGEOLE
La rougeole est une des plus répandues des maladies contagieuses épidémiques : elle frappe la quasi-totalité des sujets, le plus souvent dans l'enfance. Affection virale généralement bénigne alors qu'elle survient chez des enfants en bonne santé, elle est au contraire très grave lorsqu'une épidémie se développe chez des sujets mal nourris ou vivant dans des conditions d'hygiène défectueuses. En Afrique noire, elle représente encore l'une des principales causes de mortalité infantile. Aussi les chercheurs de tous pays ont-ils cherché à mettre au point un vaccin (1960) qui a permis une nette régression de cette maladie lorsqu'il est utilisé de façon systématique. Le nombre de décès pour cause de cette maladie enregistrés dans le monde est ainsi passé de 6 millions au début des années 1960 à 345 000 en 2005.
La maladie clinique
La rougeole évolue suivant un processus très régulier. La contamination par le virus se fait par voie aérienne. Après une incubation de dix à onze jours, la période d'invasion débute par un malaise progressif ou une élévation brusque de la température à 40 0C, et se poursuit par l'installation en vingt-quatre heures d'un catarrhe oculo-nasal (conjonctivite avec larmoiement, écoulement nasal) et de toux. Trois jours après, un semis de petites taches blanchâtres se détachant sur un fond rouge est généralement visible à la face interne des joues (signe de Koplik).
La période d'état est marquée, quatorze jours après la contamination, par une éruption de maculo-papules, c'est-à-dire de taches rouges qui présentent un relief caractéristique et s'effacent à la pression du doigt ; leur taille est inégale, leur contour irrégulier et déchiqueté. Cette éruption commence à la face et se généralise progressivement de haut en bas du corps. Durant cette période, la fièvre peut persister quelques jours, mais en général la sortie de l'éruption semble la faire disparaître, du fait que celle-ci est une conséquence de l'apparition des anticorps spécifiques. L'exanthème se termine par une fine desquamation.
Après une période de convalescence, la maladie évolue normalement vers la guérison. Mais on distingue des formes d'évolution bénignes à symptômes atténués, et des formes graves, plus fréquentes dans les milieux défavorisés.
Les complications sont aussi pour beaucoup dans la gravité de la maladie. Elles sont surtout le fait des sujets dénutris ou vivant dans de mauvaises conditions. Les complications respiratoires sont dues à une surinfection bactérienne : la plus grave est la broncho-pneumonie qui peut être fatale en l'absence de traitement par les antibiotiques. Les complications nerveuses sont encore plus sérieuses : l'encéphalite n'est pas exceptionnelle ; elle peut être guérie, mais souvent au prix de séquelles mentales, nerveuses ou endocriniennes. On sait maintenant que le virus de la rougeole est responsable non seulement d'encéphalites survenant au décours de la maladie, mais aussi d'affections neurologiques – telles que la panencéphalite sclérosante subaiguë ou maladie de Van Bogaert – pouvant apparaître très longtemps après celle-ci.
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Écrit par
- Jacques MAURIN : docteur en médecine, professeur de microbiologie à l'École nationale de la santé publique
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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