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ROUMANIE

Nom officiel

Roumanie (RO)

    Chef de l'État

    Klaus Iohannis (depuis le 21 décembre 2014)

      Chef du gouvernement

      Marcel Ciolacu (depuis le 15 juin 2023)

        Capitale

        Bucarest

          Langue officielle

          Roumain

            Unité monétaire

            Nouveau leu roumain (RON)

              Population (estim.) 18 673 000 (2024)
                Superficie 238 397 km²

                  Histoire

                  La Roumanie daco-romaine

                  Les premiers habitants du territoire actuel de la Roumanie à l'époque historique furent les Daces, peuple indo-européen apparenté aux Thraces. Agriculteurs, éleveurs de chevaux, sachant travailler les métaux, ils empruntèrent leur première civilisation aux Celtes, aux Scythes et aux colonies grecques de la mer Noire (comme Tomis, l'ancien nom de Constanţa). Les archéologues ont mis au jour les vestiges de leurs forteresses aux murailles massives, de leurs ateliers métallurgiques et de leurs sanctuaires. Une ébauche d'État dace se forme au ier siècle avant J.-C. sous Burebista : d'abord fragile fédération de tribus, elle deviendra au siècle suivant assez puissante pour que Rome, maîtresse de la péninsule jusqu'au Danube, en prenne ombrage.

                  Raisons stratégiques et visées purement économiques (conquête du sel, du fer et surtout de l'or de la Dacie) sont à l'origine des campagnes de Trajan (101, puis 106 apr. J.-C.). Leur récit se déroule sur la longue bande sculptée de la colonne Trajane, du franchissement du Danube à la prise de la capitale, Sarmizegetusa, et au suicide du roi dace, Décébale. La Dacie conquise (dont le territoire correspondait à l'Olténie et à la Transylvanie actuelles) jouit dès lors des bienfaits de la « paix romaine » ; construction de routes, de villes (Ulpia Trajana), de monuments (pont de Turnu-Severin, trophée de Trajan en Dobrogea [Dobroudja]) à l'abri d'un limes discontinu de tours et de camps fortifiés. Mais c'est dans le peuplement que se marque surtout le « sceau de Rome » (N. Iorga) : soldats des légions qui gardent la frontière, colons installés par l'administration impériale ou spontanément immigrés font souche, se mêlent à la population dace, constituent avec elle le peuple daco-romain, dont le ciment est la langue latine, qui s'établit ici pour toujours.

                  Cependant, ce peuple semble disparaître de l'histoire. En 271 après J.-C., pour raccourcir la frontière de l'Empire menacé, Aurélien prend la décision de retirer ses légions au sud du Danube et d'évacuer la Dacie. S'ouvre alors pour celle-ci une période longue de dix siècles, qui est restée obscure et a suscité des hypothèses contradictoires. Selon certains historiens, le retrait de 271 aurait été total, le tourbillon des invasions (Goths, Huns, Avars) aurait achevé d'effacer toute trace de l'œuvre romaine, et les descendants de l'ancienne population romanisée, réfugiés quelque part au sud du Danube, ne seraient revenus en Transylvanie que vers le xiie siècle. On se rallie généralement aujourd'hui à la thèse défendue par l'historiographie roumaine, selon laquelle il n'existe aucune discontinuité entre le peuple roumain et ses ancêtres daco-romains. L'évacuation de 271, décidée au cours d'une longue période de paix, n'a certainement pas été générale. Le passage des invasions a pu effacer les vestiges de civilisation urbaine et obliger les habitants à se réfugier dans les massifs boisés et à pratiquer la vie pastorale, mais sans affecter profondément la nature du peuplement. Les recherches archéologiques et toponymiques ont d'ailleurs confirmé cette permanence.

                  Les invasions slaves, à partir du vie siècle, eurent un effet bien plus durable et finalement bénéfique. La longue période de symbiose entre Slaves et Daco-Romains, au cours de laquelle achève de se former le peuple roumain, introduit dans la langue roumaine un abondant vocabulaire slave, mais sans en modifier la structure. Intégrée dans le puissant empire bulgare du tsar Siméon, l'ancienne Dacie entre à son tour dans l'aire culturelle de Byzance. Le christianisme s'y répand à partir de la fin du ixe siècle et, rattachée aux évêchés bulgares, l'Église roumaine adopte la liturgie slavonne.[...]

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                  Écrit par

                  • : professeur à l'université de Bucarest, directeur de l'Institut d'études est-européennes
                  • : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État
                  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire à l'Institut national des langues et civilisations orientales et à l'université de Paris-Sorbonne
                  • : professeur à l'université de Göttingen.
                  • : chargée de cours à l'Institut d'études européennes de l'université de Paris-VIII, analyste-rédactrice aux éditions de la Documentation française
                  • : rédacteur en chef de Lettre(s), titulaire d'un D.E.A. de roumain, Institut national des langues et civilisations orientales, doctorant à l'université de Paris-III
                  • : professeur à l'Institut national des langues orientales vivantes
                  • : journaliste
                  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                  Classification

                  Médias

                  Roumanie : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Roumanie : carte physique

                  Roumanie : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Roumanie : drapeau

                  Monts  Făgăraș, Roumanie - crédits : P. Stelian/ Shutterstock

                  Monts  Făgăraș, Roumanie

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                    Fondée par les chevaliers Teutoniques au xiiie siècle sous le nom de Cronstadt, la ville roumaine de Braşov a été un foyer de colonisation saxonne en Transylvanie. Forteresse et centre commercial à proximité du passage des Carpates et sur le plus court chemin menant à Bucarest et à Constantinople,...

                  • BRATIANU ION (1821-1891)

                    • Écrit par
                    • 198 mots

                    Homme d'État roumain, Ion Bratianu fait ses études à Paris ; de retour dans son pays, il prend part à la révolution de 1848 et il fait partie du gouvernement provisoire. Après l'échec de la révolution, il se réfugie à Paris, où il continue à lutter en faveur de l'autonomie des principautés danubiennes....

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