ROUTES DE LA SOIE
L’Asie traversée par la Route de la soie
La Route de la soie traversait l’immense Asie centrale, ses montagnes, ses steppes et ses déserts. Chaînes du Pamir, déserts de Takla-Makan et de Gobi, enfin l’Himalaya au sud étaient des régions inhospitalières qui constituaient de redoutables obstacles à la communication entre la Chine et le Moyen-Orient. Ce périple fut accompli par d’innombrables voyageurs : marchands, moines, soldats et, plus récemment, archéologues.
Un voyage périlleux
La Route de la soie empruntait plusieurs itinéraires dont le choix relevait d’un compromis entre les dangers connus, la longueur et les aléas politiques. Les différents chemins regorgeaient de périls en tout genre : bandits, guerres, bêtes sauvages, avalanches, mal des montagnes, fièvres, tempêtes de sable. En limitant les risques, l’organisation de grandes caravanes, qui regroupaient de 100 à 500 personnes, a rendu possibles les échanges réguliers. Les animaux de bât variaient selon les régions : chameaux, mulets et yacks. Rien n’eût été envisageable non plus sans les oasis, dotées de marchés, de comptoirs de prêt et de caravansérails (gîte d’étape et entrepôt fortifié), dont la Route a fait la fortune grâce aux taxes prélevées sur les marchandises. On y changeait d’animaux, de guides et d’interprètes ; on y achetait des vivres. Les caravaniers faisaient sans cesse l’aller-retour entre deux oasis. Les biens changeaient ainsi plusieurs fois de main et, à chaque transaction, leur prix augmentait. Les marchands des oasis décourageaient les voyages plus longs en exagérant les distances et les dangers et en gardant secrets les itinéraires et les descriptions détaillées des terres lointaines.
La Route de la soie s’inscrivait dans un réseau large et plusieurs embranchements conduisaient vers d’autres destinations, notamment vers l’Inde. À chaque extrémité, d’autres routes permettaient la diffusion des produits : à l’est, jusqu’en Corée ou en Chine par la mer ; à l’ouest, jusqu’en Europe du Nord, par la mer Noire et le Danube, ou jusqu’aux républiques de Gênes ou de Venise.
Les voyageurs célèbres
À l’époque des Tang, le moine bouddhiste Xuan Zang (600-664) est le voyageur chinois le plus célèbre. Parti vers l’Inde pour y retrouver les racines du bouddhisme que l’on jugeait alors perverti en Chine, il découvrit que cette religion n’y était presque plus pratiquée. Il parcourut néanmoins le pays pendant quatorze ans, traduisant du sanskrit en chinois un grand nombre de textes bouddhiques. Il fut suivi par de nombreux pèlerins jusqu’à ce que la route maritime soit préférée.
Au Moyen Âge, les puissances de la chrétienté cherchèrent à se renseigner sur ces peuples lointains et puissants qui auraient bien pu servir d’alliés contre leur ennemi et voisin direct, les musulmans. Ainsi, le pape Innocent IV envoya en 1245 le moine italien Jean du Plan Carpin en mission diplomatique auprès de l’empereur mongol Kubilaï Khan. Le roi de France Louis IX (Saint Louis) envoya lui aussi un émissaire, Guillaume de Rubrouck, vers 1253.
Parmi les marchands de la Route de la soie, bien peu ont fait toute la longueur du trajet. C’est là ce qui distinguerait Marco Polo, son père Niccolo et son oncle Matteo. Les deux frères auraient rencontré le khan une première fois et celui-ci leur aurait demandé d’être instruit sur la religion chrétienne. Les deux hommes seraient repartis en 1271, mandatés par le pape Grégoire X. Ils emmènent avec eux le jeune Marco, qui fera le récit de son périple.
Le temps des archéologues
Au début du xxe siècle, l’Asie représente un enjeu pour les grandes puissances. Le Royaume-Uni voudrait contrôler les marches de son empire des Indes et la Russie essaie de conquérir le Turkestan. C’est aussi l’ultime période d’exploration du monde : le désert du Takla-Makan figurait encore sur les cartes comme « inexploré[...]
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