Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CAMPBELL ROY (1901-1957)

C'est sans doute le plus illustre poète sud-africain (il est né à Durban, dans le Natal) que Roy Campbell, fils de médecin et personnage « original » s'il en fut. Après une tentative pour s'engager comme fantassin à l'âge de quinze ans, pendant la Première Guerre mondiale, il échoue à Oxford, puis voyage en France et en Espagne. Marié en 1922, il passe quelques années au pays de Galles, pêcheur et poète : La Tortue flamboyante (The Flaming Terrapin, 1924), long poème symbolique, est accueilli avec enthousiasme. De retour en Afrique du Sud, il rencontre, comme directeur du journal trop frondeur Voorslag, une hostilité qui est cause de son départ et de la publication d'une satire vengeresse, La Foire des primitifs (The Wayzgoose, 1928). Il s'établit à Martigues, pêcheur mais surtout jouteur professionnel (1928-1933) et toujours poète : les pièces qui composent Adamastor (1930) sont emportées par un lyrisme romantique et un élan verbal exceptionnels dans la poésie moderne. Campbell mérite pleinement le titre de « Byron de notre temps » ; la fougue de son tempérament se reflète dans sa double conversion au catholicisme et au royalisme maurrassien (1935), dans sa participation à la guerre d'Espagne, du côté des franquistes, et dans son réengagement, malgré une blessure, dans l'armée britannique d'Afrique, de 1942 à 1944. Et c'est cette fougue qui inspire et nourrit The Georgiad (1931), vigoureuse satire des milieux littéraires du temps, et Poèmes sur la guerre d'Espagne (Flowering Riffles, 1939), souvenirs de l'expérience espagnole. Mithraic Emblems (1936), où s'expriment son amour de la Provence et ses préoccupations pour les mystères religieux, est l'indice d'un élargissement de sa culture, comme l'est aussi son activité de traducteur, étonnante en profondeur, en variété et en qualité : Baudelaire, Rimbaud, Calderón, Lorca, Camoens, saint Jean de la Croix. Deux volumes d'autobiographie, Autobiographie interrompue (Broken Record, 1934) et Lumière sur un cheval noir (Light on a Dark Horse, 1951), ainsi qu'une volumineuse correspondance encore inédite permettront de camper cette très curieuse et vigoureuse personnalité.

— Louis BONNEROT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur honoraire à la Faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification