GLAUBER ROY (1925-2018)
Né le 1er septembre 1925 à New York, le physicien américain Roy J. Glauber est connu pour ses travaux fondateurs de l'optique quantique. Fils d'un voyageur de commerce, il passe une partie de son enfance sur les routes du Middle West avant que ses parents ne s'établissent à New York en 1931. En 1938, il devient élève d'un nouveau lycée, le Bronx High School of Science, ouvert pour promouvoir les études scientifiques. Il commence ses études universitaires à Harvard en 1941, mais est rapidement enrôlé pour prendre part au projet Manhattan de mise au point de l'arme nucléaire. Il rejoint le laboratoire secret de Los Alamos en 1943 et y travaille deux ans. Il retourne à Harvard après la fin de la guerre et y soutient sa thèse de doctorat en 1949, après un travail mené de façon très indépendante dans le domaine de la théorie quantique des champs, sous la direction du théoricien Julian Schwinger (Prix Nobel de physique 1965). Invité par Robert Oppenheimer, il passe une année à l'Institute for Advanced Studies de Princeton, puis quelques mois à Zurich avec Wolfgang Pauli. Il enseigne un an à Caltech pour assurer le cours de Richard Feynman pendant le séjour de celui-ci au Brésil, puis rejoint définitivement l'université Harvard en 1952. Ces années de formation permettent à Glauber d'appliquer les principes de la théorie quantique des champs dans les domaines de la physique nucléaire et de l'optique.
En 1955, il montre pourquoi le taux de collision d'une particule sur un noyau de deutérium (constitué d'un proton et d'un neutron faiblement liés) est notablement différent de la somme des taux sur un proton et un neutron. Cet effet est expliqué par un phénomène de diffraction quantique, le neutron étant comme dans l'« ombre » du proton, ou vice-versa.
Le principal succès de Glauber est d'établir, dans les années 1962-1963, la théorie quantique des sources de rayonnement, fondant ainsi ce qu'il est convenu d'appeler l'optique quantique. En quelques mois, il publie trois articles fondateurs dans la revue de physique (Physical Review) de la société américaine de physique : « Les Corrélations des photons », « La Théorie quantique de la cohérence optique », « Les États cohérents et incohérents d'un champ de rayonnement ». Le formalisme mis au point par Glauber permet de comprendre les propriétés du rayonnement cohérent issu des lasers et des masers. Les développements spectaculaires de ces sources de lumière dans les décennies suivantes amplifient l'importance de ces résultats. Les lois optiques classiques apparaissent au contraire comme liées à l'incohérence des champs électromagnétiques issus de nombreuses sources très faiblement corrélées.
Un séjour au Cern de Genève en 1967 permet à Glauber d'approfondir sa théorie des collisions multiples de particules dans un noyau atomique, domaine de recherche dans lequel il continuera d'apporter des contributions marquantes jusque dans les années 1980. Le prix Nobel de physique 2005 couronnera tardivement les travaux fondateurs de Glauber en les associant aux prouesses expérimentales réalisées grâce aux lasers par ses co-lauréats John Hall et Theodor Hänsch.
Roy Glauber meurt le 26 décembre 2018 à Newton (Massachusetts).
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Écrit par
- Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau
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