ROYAUME DE DIEU
D'après les évangiles synoptiques, l'annonce de la proximité du Royaume de Dieu (ou « des cieux », selon Matthieu) tient la première place dans la prédication de Jésus. Une expression synthétique s'en trouve dans Marc, i, 15 : « Le Royaume de Dieu est tout proche ; reconsidérez votre vie et croyez en la bonne nouvelle. » Jamais Jésus ne définit à proprement parler ce Royaume, réalité familière à ses auditeurs, semble-t-il ; on peut pourtant le décrire. Il ne s'agit pas du règne permanent de Dieu sur le monde au titre de la création, mais du règne que Jésus inaugure et qui atteindra sa plénitude à la fin des temps comme salut définitif du peuple : c'est une réalité eschatologique.
Ce règne de Dieu passe par la conversion du cœur de l'homme, se distinguant par là du messianisme politique de l'Ancien Testament. Ce sera avant tout un événement de salut pour les pécheurs, les publicains, les samaritains, les filles publiques : c'est la bonne nouvelle. Bien que l'accès au Royaume suppose une décision radicale par laquelle on opte pour Dieu, il n'est nullement au terme des efforts de l'homme : l'homme ne le construit pas. Au contraire, c'est un don gratuit de Dieu, que l'on demande dans la prière (« que ton règne vienne »), que l'on accueille avec une âme de pauvre (Matthieu, v, 3), comme un enfant (Luc, x, 15), mais dans la vigilance (parabole des serviteurs attendant le retour du Maître, celle des vierges sages et des vierges folles), car il ne suffira pas de faire partie du peuple élu pour y accéder : un tri sera fait entre l'ivraie et le bon grain (Matthieu, xiii, 24-30) et des comptes seront demandés (Matthieu, xxv, 1-13).
Le Royaume de Dieu n'est pas un idéal, mais une décision historique de Dieu que Jésus annonce, et surtout qu'il accomplit en sa propre personne. Reconnaître que le Christ est le roi du Royaume de Dieu, à travers sa mort et sa résurrection, a deux conséquences au moins pour le chrétien : par là, ce dernier devient fondamentalement libre à l'égard de toute royauté (ou puissance) terrestre ; d'autre part, il ne saurait identifier l'Église au Royaume à venir, même si elle l'annonce, le sert, y communie.
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Écrit par
- Hervé LEGRAND : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
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