ROYAUME-UNI Économie
Capitale | Londres |
Unité monétaire | Livre sterling (GBP) |
Population (estim.) |
68 278 000 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
48 890 $ (2022) |
Concilier avenir et rigueur
Les principaux handicaps du Royaume-Uni, au début de la décennie de 1990, étaient d'ordre macroéconomique (inflation et chômage structurellement élevés). Vingt années de réformes structurelles ont profondément transformé l’économie, la société et la politique du pays. Mais cela n’a pas suffisamment protégé l'économie britannique – très dépendante du secteur des services financiers – contre la crise financière de 2007-2008. Aux nombreux défis à relever (cohésion sociale, infrastructures...) s’est alors ajouté un défi budgétaire et financier de premier ordre.
Vers la rigueur budgétaire
Les politiques économiques de la décennie 2010 ont été menées par des gouvernements conservateurs, en coalition avec les libéraux-démocrates jusqu’en 2015, puis seuls.
Après la défaite électorale des travaillistes en 2010, le nouveau Premier ministre conservateur, David Cameron, hérite d'une situation économique difficile. La croissance est en berne et, en 2010, le déficit public est de 9,3 % du PIB, soit l'un des taux les plus élevés des pays de l'OCDE. Les déficits budgétaires successifs enregistrés par la suite (7,5 % en 2011 ; 8,1 % en 2012) ont amené les agences de notation à dégrader la note des titres de la dette du Royaume-Uni en 2013. Dans cette situation, la marge de manœuvre du gouvernement est étroite. En effet, avec une dette publique totale de 83,2 % du PIB à la fin de 2012 (contre 34 % en 2001, quand elle était au plus bas), la question budgétaire fait son retour dans le débat public, tout comme celle de la protection sociale. Un programme de réduction des dépenses publiques est mis en place, avec l’objectif d’un déficit inférieur à 2,3 % du PIB en 2017-2018, objectif qui fut effectivement atteint. Le nouveau chancelier de l’Échiquier, George Osborne, et la nouvelle équipe au pouvoir se dotent d'un Office for Budget Responsability (OBR), afin de guider leurs choix en matière budgétaire. Entre 2010 et 2013, des plans de rigueur d’une ampleur inédite permettent déjà de réduire le déficit de 9,3 % à 5,5 % du PIB). Toutefois, malgré la hausse des impôts et en raison d’une croissance atone (1,3 % en 2011 ; 1,4 % en 2012), la baisse des dépenses publiques (en particulier la suppression d’emplois dans la fonction publique) ne s’accompagne pas d’une hausse suffisante des recettes.
Le taux de l’impôt sur les sociétés est abaissé de 21 % en 2014 à 20 % en 2015, puis à 19 % en avril 2017. Une nouvelle baisse à 17 % avait été annoncée. Mais, à la suite de la pandémie de Covid-19, le taux est resté à 19 %. Selon le budget de mars 2021, il devrait remonter à 25 % en 2023, ce qui le ramènerait à un niveau proche de celui des autres économies du G7. Même si le gouvernement conservateur voulait amplifier le rôle de la fiscalité comme instrument de l’attractivité britannique, il a dû maintenir ce taux pour rétablir l’équilibre des comptes publics, mis à mal par la pandémie.
Le gouvernement britannique obtient le soutien des autorités monétaires qui maintiennent des taux d’intérêt de court terme très faibles (à 0,5 %). De plus, elles procèdent, dès 2009, à un assouplissement quantitatif (achat par une banque centrale de titres de dettes, ce qui permet d'injecter des liquidités dans l'économie et de faire baisser les taux de long terme), en procédant notamment à un vaste programme de rachat d’obligations : les taux d’intérêt de long terme passent sous les 2 % dès 2013. En 2012, les autorités monétaires multiplient les dispositifs de soutien au secteur bancaire pour améliorer la distribution de crédit aux ménages et aux entreprises.
Après la crise financière, marquée, au Royaume-Uni, par la faillite de la Banque Northern Rock (nationalisée en 2008 pour un coût d'environ 100 milliards de £) et par des pertes[...]
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Écrit par
- Emmanuel HACHE : professeur associé à l'IFP School, responsable du programme Petroleum Economics and Management
- Catherine MATHIEU : économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques
Classification
Médias