ROYAUME-UNI Histoire
Nom officiel | Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (GB) |
Chef de l'État | Le roi Charles III (depuis le 8 septembre 2022) |
Chef du gouvernement | Keir Starmer (depuis le 5 juillet 2024) |
Capitale | Londres |
Langues officielles | Anglais ; gaélique et gallois (langues officielles localement) |
Les débuts des Temps modernes
Les Tudors, qui règnent sur l'Angleterre de 1485 à 1603, ont justement donné leur nom dynastique au début des Temps modernes, que, souverains exceptionnels, ils ont marqués de leur personnalité en même temps qu'ils en ont opportunément incarné les aspirations.
La prospérité
Leur chance a été de régner dans une époque exceptionnellement favorisée par une série de facteurs positifs. Après les pestes, et avec la menace chronique de l'épidémie, la population se relève progressivement, et l'Angleterre passe de moins de 3 millions à plus de 4 millions d'habitants au cours du xvie siècle. À l'inflation toute relative des hommes s'ajoute, surtout après 1540, celle des espèces monétaires que le commerce mais aussi la guerre de course font passer d'Espagne et du Portugal vers les îles Britanniques : elle favorise les échanges, stimule la production et, promettant plus de profits, encourage tous les producteurs au moment même où ils peuvent compter sur plus de bras. Les conditions climatiques générales s'améliorent aussi, écartant, jusqu'à la mauvaise décennie de 1590, la peur de la véritable famine. La demande extérieure en produits métalliques et en laine semi-travaillée ou en lainages de qualité s'additionne à la poussée de consommation interne, par ailleurs liée, comme partout en Europe, aux nouveaux goûts de luxe de l'élite sociale. Les désordres civils n'ont jamais atteint les proportions des guerres religieuses dans l'Empire germanique ou en France, aucune invasion étrangère n'a été possible. Des phénomènes d'ordre spirituel ont peut-être contribué à la prospérité : on est parfois tenté de lier éthique protestante et esprit capitaliste, individualisme religieux et capacité d'initiative dans le domaine économique, exaltation de la valeur travail, réhabilitation du profit et levée des interdits sur les taux excessifs d'intérêt ; qu'on suive ce type de raisonnement ou qu'on lie au contraire le succès des idées de réforme à un changement préalable de la société, le fait demeure qu'une bourgeoisie de marchands, de fabricants, d'armateurs, d'hommes de loi, à laquelle correspondent, dans les campagnes, la gentry et le groupe des petits propriétaires, les yeomen, a su saisir les occasions et participer aux mutations.
Les souverains ont apporté leur contribution à l'essor économique. Ils ont pratiqué un mercantilisme intelligent. Henri VII fait voter les premiers Actes de navigation en faveur des navires marchands anglais, pousse au commerce avec la Méditerranée, recourt aux frères Cabot pour reconnaître des routes transocéaniques et leur permet d'explorer la Nouvelle-Écosse et la baie d'Hudson. Ses successeurs suivent son exemple, encouragent l'exploration maritime et, au temps d' Élisabeth, Hawkins, Drake, Frobisher, Raleigh abordent les côtes d'Afrique et des deux Amériques ; des chartes sont octroyées à des compagnies de commerce et de colonisation, celles de Moscovie (1553), de la Baltique (1579), du Levant (1581) et, après bien d'autres, des Indes orientales en 1600. Cette expansion maritime a supposé le rejet de toutes les prétentions monopolistiques d'autres États, un soutien sans faiblesse aux entreprises les plus audacieuses sans que le risque de guerre soit écarté. Dans le domaine industriel, on vit l'âge d'une réglementation, ainsi de l'apprentissage et de la maîtrise par le Statut des apprentis et artisans de 1563, mais aussi le recours au monopole offert aux inventeurs ou à des immigrants du continent pour encourager les implantations neuves. Destinée à aider les producteurs, la politique économique des Tudors n'exclut pas un effort méritoire pour limiter les clôtures, chères aux éleveurs de moutons, et, en particulier sous Élisabeth, à la fin du [...]
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Écrit par
- Bertrand LEMONNIER : agrégé de l'Université, docteur en histoire, professeur de chaire supérieure au lycée Louis-le-Grand, Paris
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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