ROYAUME-UNI Histoire
Nom officiel | Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (GB) |
Chef de l'État | Le roi Charles III (depuis le 8 septembre 2022) |
Chef du gouvernement | Keir Starmer (depuis le 5 juillet 2024) |
Capitale | Londres |
Langues officielles | Anglais ; gaélique et gallois (langues officielles localement) |
Le siècle des révolutions
L'ère des Stuarts est celle du « siècle des révolutions ». Dans un xviie siècle généralement assombri en Europe, l'Angleterre n'a pas connu les misères de l'Empire germanique, ni le destin en dents de scie de la France. On termine au contraire sur un apogée. Mais les Anglais acquièrent alors la réputation du peuple le plus remuant et le plus sanguinaire du Vieux Continent.
Jacques Ier et Charles Ier
Les deux premiers Stuarts, Jacques Ier, de 1603 à 1625, Charles Ier, son fils et successeur, qui périt sur l'échafaud en 1649, ont uni, en leur personne, les trois royaumes d'Irlande, d'Écosse et d'Angleterre. Ils ont été des souverains désireux d'absolutisme et persuadés qu'ils devaient, paternellement, guider leurs sujets dans la politique comme dans l'accomplissement de leurs devoirs religieux. Ils ont échoué à collaborer avec des Parlements dont la docilité est devenue de plus en plus incertaine, au point de persuader Charles Ier de ne plus en convoquer entre 1629 et 1640 (la « tyrannie de onze ans »). Lors des sessions, à l'affirmation hautaine de la prérogative royale (comme en 1610), les parlementaires répondent par une mauvaise volonté évidente à voter des impôts, allant en 1625 jusqu'à dénier à Charles Ier la possibilité de lever librement des droits de douanes sa vie durant, et par l'affirmation de droits : ainsi en 1628, la pétition du Droit, en six articles dus surtout à la plume de John Pym, revendique l'habeas corpus et, pour les députés et lords, le privilège d'autoriser levée et logement des gens de guerre et de voter les taxes fiscales. Depuis 1616, due au juriste Edward Coke, la théorie du « joug normand » fait des libertés une reconquête de droits saxons qu'aucun souverain ne devrait altérer et que devraient protéger tribunaux et Parlement. Impliquée dans ce conflit d'autorité, qui a ses prolongements dans l'administration locale, toute une élite sociale, de la gentry et de la bourgeoisie, se retrouve souvent contre le roi, dont la politique économique et sociale est loin de gagner l'approbation des propriétaires (paternalisme contre les enclosures, faiblesse des ambitions coloniales, distribution-vente de monopoles, de titres, d'offices sans justification). Certains conflits sont hautement symboliques : ainsi la résistance à l'impôt illégal quand, en 1635, le ship-money, taxe destinée à équiper la flotte de guerre, est étendu arbitrairement de quelques ports et régions maritimes à tout le royaume ; John Hampden, ancien député, gentleman, se laisse traîner en justice en 1637 plutôt que de payer.
L'évolution religieuse ne favorise pas non plus les souverains. Ceux-ci ont refusé l'un et l'autre de soutenir les puritains : Jacques Ier a repoussé en 1603 la « pétition des mille » (pasteurs), il persécute les sectes « dissidentes », dont le nombre s'accroît de baptistes, d'indépendants, et dont les plus menacées ont le choix entre l'exil en Hollande ou l'émigration vers l'Amérique, à l'instar des voyageurs du Mayflower en 1620 ; Charles Ier suit l'exemple de son père et, dans les années 1630, conseillé par l'archevêque Laud, multiplie les poursuites, faisant traduire les dissidents pour rébellion devant la Chambre étoilée, suscitant à leur encontre des peines d'emprisonnement, mais aussi d'exposition au pilori et d'essorillement. L'affirmation de plus en plus obstinée de l'autorité spirituelle des évêques conduit même à vouloir étendre le système anglican à l'Écosse, qui y trouve le prétexte d'une révolte en 1638. Dans les villes et ports, sensibles aux idées venues de Hollande, dans une gentry parfois recrutée dans le monde du commerce ou soucieuse de son avenir économique et d'un bon contrôle des sociétés[...]
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Écrit par
- Bertrand LEMONNIER : agrégé de l'Université, docteur en histoire, professeur de chaire supérieure au lycée Louis-le-Grand, Paris
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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