ROYAUME-UNI Histoire
Nom officiel | Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (GB) |
Chef de l'État | Le roi Charles III (depuis le 8 septembre 2022) |
Chef du gouvernement | Keir Starmer (depuis le 5 juillet 2024) |
Capitale | Londres |
Langues officielles | Anglais ; gaélique et gallois (langues officielles localement) |
L'Angleterre édouardienne
Prolongée jusqu'en 1914 par les premières années du règne de George V, l'Angleterre édouardienne tire son nom du bref règne d' Édouard VII (1901-1910). Elle correspond à la Belle Époque en France, impression de l'après-guerre, mais qui tient aussi à la relève, sur le trône, d'une reine vieille et moralisante par un souverain renommé pour son goût des plaisirs et des loisirs. Ses sujets ont de fait connu, dans le début du xxe siècle, les joies du music-hall, alors à son apogée, l'essor des sports professionnels de masse, l'âge premier de l'automobile et de la bicyclette, les joies de la lecture avec l'étonnante croissance de la presse populaire à sensation, à quoi s'ajoutent les effets sans cesse plus visibles de la révolution commerciale interne. Sur beaucoup de points, les tendances antérieures se prolongent. Les libéraux « radicaux » sont parvenus au pouvoir en 1906, en partie grâce à leur foi libre-échangiste. La démocratisation continue, marquée en 1911 par la loi sur le Parlement, qui réduit singulièrement le pouvoir des Lords, dont le veto sur les lois non financières n'est plus que de deux ans (un mois pour les lois de finance) ; le même texte instaure l'indemnité parlementaire et fixe à cinq ans la durée maximale d'une Chambre des communes. Par contre, le Parti libéral au pouvoir refuse d'aller plus loin et, malgré les violences des suffragettes dirigées par Emmeline Pankhurst, n'accorde pas aux femmes l'égalité civique. Le socialisme d'État brille de ses plus beaux feux, avec les grandes lois sur la journée de huit heures dans les mines, sur les pensions de vieillesse et surtout, en 1911, sur les assurances nationales dans le secteur industriel exigeant une participation croissante du Trésor, d'où le budget « du peuple » de 1909 présenté par Lloyd George, prévoyant une modeste progressivité de l'impôt sur le revenu (instauré en 1842) ; il est repoussé par les lords, pour leur malheur. Ces innovations entendent satisfaire un Parti travailliste né en 1906, encore très minoritaire, et retenir certains syndicats sur la pente du syndicalisme révolutionnaire prôné par Tom Mann ; sans toujours y parvenir, comme le démontrent les grandes grèves de 1911-1913 dans les transports et les chemins de fer. L'inquiétude règne après l'euphorie de la victoire sur les Boers de 1902. Dans un monde de plus en plus agité de rivalités, l'heure est aux alliances, ou, au moins, à la recherche d'accords de défense ; en 1902, on a signé un traité avec le Japon, en 1904, en partie grâce à l'appui d'Édouard VII, on parvient à l'Entente cordiale avec la France, en 1907 à une réconciliation avec la Russie. L'Allemagne, avec laquelle on a un temps cherché un rapprochement, se range de plus en plus au rang d'adversaire principal, d'autant qu'elle contraint le Royaume-Uni à une ruineuse course aux armements navals ; l'empire, gigantesque, paraît plus difficile à protéger, et on évolue vers la recherche de liens plus solidaires avec les grandes dépendances de peuplement européen : sur le modèle du dominion canadien, créé en 1867 déjà, on accorde le statut de dominion, c'est-à-dire une pleine souveraineté interne, à l'Australie, à la Nouvelle-Zélande, à la jeune Union sud-africaine, on donne un caractère périodique à des conférences « coloniales » puis « impériales » réunissant les Premiers ministres du Royaume-Uni et des dominions, on s'efforce d'obtenir la promesse d'appuis plus déterminés à la défense de l'empire. On ne va pas jusqu'à décoloniser où que ce soit ; et, très particulièrement, en Inde, le mouvement du Congrès, né en 1885, d'abord très modéré, se radicalise sous l'impulsion de Tilak, de même que la [...]
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Écrit par
- Bertrand LEMONNIER : agrégé de l'Université, docteur en histoire, professeur de chaire supérieure au lycée Louis-le-Grand, Paris
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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