ROYAUME-UNI L'empire britannique
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Le nouveau Commonwealth
En 1949, sous l'impulsion de Nehru, Premier ministre de l'Inde, devenue indépendante en 1947, malgré le scepticisme déclaré des dirigeants australiens, et grâce à la persévérance de Clement Attlee et Ernest Bevin, un nouveau Commonwealth voit le jour : il s'intitule simplement « des Nations », sans plus de référence au terme « britannique », il n'implique plus l'allégeance à la Couronne et est donc ouvert à des républiques, il admet comme nécessaire la plus grande diversité ethnique et linguistique.
Les racines du changement
Avant d'en arriver à cette révolution, on avait connu les effets du conflit. Celui-ci, terminé à l'avantage du Royaume-Uni qui est encore en 1950 l'indiscutable « troisième Grand », n'en a pas moins durablement affaibli ce vainqueur. Son économie a été durement éprouvée, même si une véritable révolution technique et un bond en avant scientifique constituent une consolation ; la livre sterling ne se maintient que par la bonne volonté des détenteurs d'énormes « balances sterling » et grâce à des prêts ou aides des États-Unis et du Canada. La victoire n'a elle-même été rendue possible que grâce à l'aide américaine dès 1940, avant même l'entrée en guerre des États-Unis, et en conjonction avec la puissance soviétique. L'empire a souffert : des territoires ont été un temps perdus en Birmanie, à la frontière égyptienne ; Singapour a été une proie aisée pour les forces terrestres japonaises au grand dam de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande ; la propagande ennemie a cherché à exalter les nationalismes et à s'appuyer sur eux, notamment en Égypte et en Irak où des coups d'État militaires britanniques se sont imposés pour sauver les « alliances ». En Inde, un temps menacée par les succès nippons en Birmanie, en Malaisie et en Chine, seuls les musulmans ont adopté un comportement relativement solidaire, on a dû emprisonner les dirigeants nationalistes hindous : au sortir du conflit, la situation était proche du chaos et, en 1947, le vice-roi Archibald Perceval Wavell recommandait d'évacuer d'urgence la « maison de fous ». Partout, de puissants mouvements mettaient en péril l'emprise coloniale : la cause de la décolonisation bénéficiait de la sympathie des démocrates et, pendant un temps, de la conjonction des efforts soviétiques et américains dans le cadre des jeunes Nations unies ; le panarabisme, le panislamisme s'épaulaient contre le colonisateur, le sionisme bénéficiait d'un énorme apport de sympathies qui avait obligé la Grande-Bretagne à abandonner son mandat en 1948 et à assister à la naissance, dans le sang de la première guerre judéo-arabe, d'un État d'Israël. Le Royaume-Uni, qui devait d'autre part consentir en Europe à la proclamation de la république d'Eire et à la sécession de l'Irlande du Sud du Commonwealth, se trouvait incapable de protéger des positions marginales et, en 1947, avait cédé aux États-Unis la protection de la Grèce et de la Turquie contre l'expansionnisme soviétique et la subversion interne communiste.
Les travaillistes au pouvoir à Londres, par réalisme et non par souci anticolonialiste, se sont trouvés dans la nécessité d'adopter une nouvelle politique. Elle a consisté à faire la part du feu en accédant à la volonté d'indépendance des peuples les mieux organisés : l'exemple de l'Inde, où Mountbatten , le dernier vice-roi, arrive muni de l'étrange ultimatum aux fractions opposées d'avoir à s'entendre sous l'égide anglaise ou de se voir livrées à elles-mêmes, les Anglais partis à une date fixée, est à cet égard particulièrement significatif ; cela aboutit, le 15 août 1947, à l'indépendance de l'Inde et du Pakistan ; Ceylan obtient le même sort en 1948, et la Birmanie accède à la liberté la[...]
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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