ROYAUME-UNI Le système politique
Nom officiel | Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (GB) |
Forme de gouvernement | Monarchie constitutionnelle avec deux chambres législatives (Chambre des lords [791 1], Chambre des communes [650])
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Chef de l'État | Le roi Charles III (depuis le 8 septembre 2022) |
Chef du gouvernement | Keir Starmer (depuis le 5 juillet 2024) |
Le centre du système : le Premier ministre
Pour Bagehot, la Grande-Bretagne était dotée d'un « gouvernement de cabinet », ce qui impliquait que le cabinet dirigeait collectivement la politique de la nation. Juridiquement, c'est encore le cas aujourd'hui, mais, dans la pratique, ce n'est plus le cabinet qui est au centre du processus de décision gouvernemental mais le Premier ministre et quelques ministres qui, selon leurs fonctions ou leur autorité, sont plus « égaux » que les autres.
Leader élu du parti qui « gagne » les élections, il tire sa légitimité du suffrage universel, d'autant que la personnalité du leader et la confiance qu'ont en lui les électeurs jouent un rôle déterminant sur l'issue du scrutin. Mais il n'est pas seulement un chef de gouvernement parlementaire, il exerce aussi en pratique les pouvoirs liés à la prérogative royale.
Son premier pouvoir est la formation du gouvernement, qui comporte un cabinet, composé des principaux ministres (entre 22 et 26), le reste étant composé de ministres d'État et de sous-secrétaires d'État, adjoints des ministres du cabinet, soit environ 120 personnes, dont une centaine de députés. En fait, sa liberté de choix dépend de l'importance de sa majorité parlementaire. Avec une majorité ample, cette liberté est grande ; elle l'est beaucoup moins quand sa majorité est étroite, car il doit avant tout sauvegarder l'unité de son parti, en veillant à ce que toutes les tendances soient bien représentées.
La présidence du cabinet est la deuxième source d'autorité du Premier ministre, grâce aux pouvoirs d'arbitrage qu'elle comporte, d'autant qu'il contrôle l'ordre du jour des réunions plénières, préparé par le secrétaire du cabinet – qui est aussi le chef de la fonction publique (Civil Service) – en étroite collaboration avec son « secrétaire privé ». Dans cette fonction, il dispose des services du 10 Downing Street (Prime Minister's Office) qui n'ont cessé de s'étoffer depuis Wilson et, dans une moindre mesure, du Cabinet Office, quoique, en principe, cette administration soit à la disposition de l'ensemble du cabinet. Enfin, il préside la plupart des réunions des comités du cabinet qui sont, de plus en plus, les vrais centres de la décision gouvernementale.
Troisième pouvoir lié à la prérogative royale : le droit de dissolution, qui permet d'anticiper la fin normale du mandat de cinq ans des Communes. Bien que ce droit soit toujours formellement détenu par le souverain (le décret doit être signé par le souverain en personne, d'où la nécessité qu'il soit sur le territoire national pour qu'elle soit effective), il n'y a pas d'exemple de dissolution refusée depuis près de deux siècles. Avant 1914, c'était le cabinet qui prenait collectivement la décision ; depuis lors, c'est le Premier ministre qui décide seul. Si la menace de dissolution joue moins qu'avant comme arme de dissuasion contre l'indiscipline des députés, elle reste, les sondages aidant, une arme formidable aux dépens de l'opposition, car, bien évidemment, le Premier ministre choisit la date la plus favorable pour lui et son parti, même s'il y a toujours le risque que le public change d'avis au bout de trois ou quatre semaines d'une campagne électorale, certes courte mais très intense. Le droit de dissolution, à la libre disposition du Premier ministre seul, n'empêche pas l'alternance des partis au pouvoir, ce qui constitue le véritable test d'un régime démocratique, mais il la rend plus difficile.
Les pouvoirs en politique extérieure. Les voyages royaux coûtant fort cher et le souverain ne pouvant rien négocier, le Premier ministre assure la représentation effective du pays dans les rencontres internationales où sont impliqués[...]
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Écrit par
- Jacques LERUEZ : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., chercheur associé au Centre d'études et de recherches internationales
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Médias