ROYAUME-UNI Le système politique
Nom officiel | Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (GB) |
Forme de gouvernement | Monarchie constitutionnelle avec deux chambres législatives (Chambre des lords [791 1], Chambre des communes [650])
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Chef de l'État | Le roi Charles III (depuis le 8 septembre 2022) |
Chef du gouvernement | Keir Starmer (depuis le 5 juillet 2024) |
Les forces politiques
Le parti conservateur
Il se pense avant tout comme le parti du pouvoir, aussi n'est-il jamais à l'aise dans l'opposition. La doctrine conservatrice se résume à quelques grands principes : insistance sur la liberté de l'individu, chacun devant accepter sa place dans la société ; défense des « libertés locales » mais sans porter atteinte à l'autorité « naturelle » des élites ; défense de la propriété mais, en même temps, souci paternaliste de la « condition du peuple » ; acceptation du libre-échange mais dans la mesure où il profite au commerce britannique. L'accent mis sur ces principes varie selon les périodes et selon les personnes. Dans la seconde partie du xixe siècle, sous l'impulsion de Disraeli, les conservateurs sont à l'origine d'autant de mesures de progrès social que les libéraux. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, par contre, la crise économique aidant, la réforme sociale cesse d'être une priorité. Mais, après sa large défaite de 1945, il se rallie au Welfare State mis en place par les travaillistes et, s'il continue de déplorer les grandes nationalisations, il s'en accommode à son retour au pouvoir. C'est la période du « consensus d'après guerre ». Ce consensus n'est rompu que par le radicalisme thatchérien, qui voit le triomphe des néo-libéraux sur les pragmatiques. Thatcher impose à une société profondément divisée des réformes draconiennes, mais le parti n'en remporte pas moins quatre élections générales successives. Puis vient le désastre de 1997 où il doit se replier sur ses bastions d'Angleterre du Sud (il n'a plus un seul élu en Écosse et au pays de Galles). Après deux autres défaites en 2001 et 2005, le choix d'un jeune leader médiatique (David Cameron) paraît marquer un retour à un certain pragmatisme.
Dans les années 1960-1970, le parti conservateur se revendique comme le parti « européen ». De fait, c'est le vote massif de ses électeurs qui assure le triomphe du vote oui au référendum de juin 1975, qui confirme l'adhésion britannique au Marché commun, négociée, en 1971-1972, par le Premier ministre Edward Heath. Malgré tout, sous Thatcher, en dépit des succès sur la scène européenne (remise budgétaire, marché unique) l'« euroscepticisme » gagne ses rangs, comme le montrent les débats concernant le traité de Maastricht. Depuis le départ de Major, les leaders successifs n'ont dû leur élection qu'à leur étiquette eurosceptique.
Le leader joue un rôle officiel dans les institutions, puisqu'il est soit Premier ministre, soit leader de l'opposition ; dans ce cas, il siège aux Communes face au Premier ministre. Au sein du parti, il constitue le point d'articulation entre les parlementaires et l'organisation dans le pays. Avant tout, il a seul la responsabilité du programme ; il peut tenir compte des résolutions des congrès mais n'y est pas obligé, il peut consulter largement mais il n'y est nullement tenu. Il est donc tout-puissant aussi longtemps que le parti parlementaire lui fait confiance ; cette confiance est essentielle : si Margaret Thatcher a perdu sa place de Premier ministre c'est parce que son parti n'en voulait plus comme leader. Avant 1965, le leader n'était pas élu ; il était censé « émerger » du sein du groupe dirigeant au Parlement. Depuis 1965, le leader est élu par les députés des Communes et confirmé par les adhérents dans le pays. L'élection a incontestablement rajeuni et démocratisé le profil du leader ; avant 1965, il vient de l'aristocratie ou de milieux « patriciens » qui en sont proches, et a généralement plus de soixante ans. Depuis 1965, les leaders ont autour de cinquante ans au moment de leur élection et la plupart ont été des « méritocrates », issus de milieux modestes, comme Heath, Thatcher ou Major. [...]
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Écrit par
- Jacques LERUEZ : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., chercheur associé au Centre d'études et de recherches internationales
Classification
Médias