RPR (Rassemblement pour la République)
Après sa démission de l'hôtel Matignon, en 1976, Jacques Chirac entreprend de réorganiser le mouvement gaulliste. C'est ainsi que naît le Rassemblement pour la République (R.P.R.), le 5 décembre 1976. La croix de Lorraine fait place au bonnet phrygien. La volonté d'ouverture se manifeste aussi par la nomination comme secrétaire général d'un haut fonctionnaire, Jérôme Monod, peu habitué jusque-là aux estrades électorales. Pour la première fois, le mouvement gaulliste se voit aussi doté d'un président, Jacques Chirac. Les relations entre le R.P.R. et le président de la République se tendent, notamment à l'occasion des élections municipales de 1977, où Jacques Chirac défie victorieusement à Paris Michel d'Ornano, le candidat de Valéry Giscard d'Estaing. L'affrontement trouve son dénouement dans l'élection présidentielle de 1981 : Jacques Chirac y obtient un peu moins de 18 p. 100 des voix et contribue, d'une certaine façon, à la défaite de Valéry Giscard d'Estaing par le soutien très modeste qu'il lui apporte pour le second tour.
Les élections municipales de 1983 sont l'occasion d'un redressement, pour l'opposition en général, et pour le R.P.R. en particulier. Parti le plus important et le plus structuré de l'opposition, le R.P.R. tend à exercer sur elle un leadership. Il voit arriver en son sein de jeunes militants plus séduits par la personnalité de Jacques Chirac que par les idéaux gaullistes. De nouveaux responsables font aussi leur apparition grâce, là aussi, à leurs relations avec Jacques Chirac. Le R.P.R. reste, comme ses prédécesseurs, un « parti d'électeurs », selon la définition de Jean Charlot, mais aussi, et de plus en plus, un parti au service d'un homme.
En 1984, Jacques Toubon succède à Bernard Pons au secrétariat général. Autre proche du maire de Paris, Alain Juppé poursuit, en tant que secrétaire national chargé du redressement économique, la définition et l'explication du projet proposé au pays par celui dont personne ne doute qu'il sera candidat à l'élection présidentielle de 1988. D'ici là, il s'agit de gagner les élections législatives de 1986 et de neutraliser Raymond Barre. Une plate-forme commune, le « pacte pour la France » est présentée par l'opposition R.P.R.-U.D.F. La victoire de celle-ci en 1986 — avec un avantage pour le R.P.R. — est aussi celle de la ligne libérale défendue par les chiraquiens contre les tenants d'un gaullisme « historique », interventionniste et social, représentés par Charles Pasqua et Philippe Séguin.
Construit et mené pour conduire son chef à la victoire, le R.P.R., comme ce dernier, vivra mal l'échec à l'élection présidentielle de 1988. Aux élections législatives qui suivent, où R.P.R. et U.D.F. présentent aux suffrages l'U.R.C., l'Union du rassemblement et du centre, la seconde formation devance, pour la première fois, la première et s'en sort mieux : 135 députés inscrits ou assimilés U.D.F. pour 131 R.P.R. (132 et 158, respectivement, dans l'Assemblée sortante). Jacques Chirac conserve la présidence du R.P.R. mais laisse à Alain Juppé, nouveau secrétaire général, la gestion directe. Les années qui suivent seront fertiles en contestations au sein du mouvement néo-gaulliste, tendant les unes à recentrer le R.P.R. sur lui-même, les autres à promouvoir un vaste rassemblement de l'opposition, la plupart à conquérir le pouvoir au sein de l'appareil. Alain Juppé saura déjouer ces attaques qui, à travers lui, visent Jacques Chirac. Le débat national sur la ratification du traité de Maastricht voit Jacques Chirac soutenir le oui contre le sentiment de la majorité du R.P.R.Pis encore, après la victoire de l'opposition rassemblée en une Union pour la France aux élections législatives de 1993, la rivalité « fratricide » entre Jacques Chirac et [...]
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Écrit par
- Christian SAUVAGE
: chef du service politique du
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