ṚṢI
Les textes qui composent le Veda, au sens le plus large du terme, sont regardés par la tradition hindoue comme éternels : expression littéraire du Verbe divin, ils ne sauraient avoir d'auteur, sinon Dieu lui-même. Cependant, la traduction de ce Savoir surhumain (c'est là le sens du mot sanskrit Veda) en un langage accessible aux hommes est assurée par des personnages qui participent à la fois de la nature humaine et de la condition divine ; ces héros, comme auraient dit les Grecs, portent le nom de rishis (ṛṣi), mot que l'on traduit de diverses façons : « sages », « poètes », « voyants », « prophètes ».
Si l'on ne peut conserver le mot sanskrit, il semble que cette dernière approximation soit la meilleure, puisque les rishis sont les inspirés par la bouche desquels Dieu s'exprime : pareils aux prophètes de la Bible, ils énoncent en langage terrestre les vérités essentielles dont ils ont eu la révélation. On ne dit pas qu'ils écrivent (ou récitent) sous la dictée des dieux, mais qu'ils traduisent en mots une vision intérieure : au sens propre du terme, les rishis perçoivent des formes, des images qui sont à la fois des figures (mandalas ou yantras) et des sons ; par un don divin qui fait d'eux des rishis, ils transforment ces vibrations sonores et lumineuses en textes liturgiques.
La tradition hindoue donne les noms de quelques rishis, tels Kanva, Atri, Vishvāmitra, Kashyapa. Des sept plus importants on dit qu'après leur mort ils sont devenus la constellation des Pléiades ; d'autres ont été admis au rang des dieux ; etc.
Théoriquement, n'importe quel homme peut, de nos jours encore, bénéficier du don de voyance (ou de prophétisme) : maint guru contemporain reçoit de ses disciples le titre de rishi.
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Écrit par
- Jean VARENNE : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III
Classification
Autres références
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- Écrit par Jean VARENNE
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