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RUBROUCK ou RUBROEK GUILLAUME DE (1215 env.-apr. 1295)

Ami de Saint Louis, familier de sa cour, le franciscain flamand Guillaume de Rubrouck avait accompagné le roi en Terre sainte. Le 7 mai 1253, il part de Constantinople comme ambassadeur du roi de France auprès du grand khān de Mongolie. Rubrouck bénéficie de l'expérience des voyageurs qui l'ont précédé, notamment Jean du Plan Carpin, André de Longjumeau, lui aussi envoyé de Saint Louis auprès de la régente Ogul-Qaimis. Depuis 1241, les raids mongols vers l'ouest ont cessé, le danger pour l'Occident semble écarté ; au contraire, les Mongols pourraient être des alliés contre l'Islam et ils sont apparus également tolérants en matière religieuse, donc accessibles à la conversion. Comme Plan Carpin, Rubrouck séjourne auprès de Batu, petit-fils de Gengis khān, et de son fils Sartaq, établis sur les deux rives de la Volga ; en décembre, il arrive à la cour de Mongku khān, où il restera six mois. Il est de nouveau à Saint-Jean-d'Acre le 10 juin 1255, d'où il écrit au roi pour lui faire un rapport détaillé sur son voyage et sa mission. Sur le plan diplomatique comme sur le plan missionnaire, celle-ci a échoué. Mais cette lettre, publiée sous le titre Itinerarium ad partes orientales, est un récit chronologique et détaillé qui constitue une mine extraordinaire de renseignements sur les régions traversées, sur les mœurs et mentalités des Mongols, et aussi un témoignage sur l'état d'esprit d'un Occidental engagé dans cette extraordinaire aventure. Rubrouck raconte les difficultés et les souffrances de son voyage : le froid, la faim, car le ravitaillement est difficile, l'insuffisance des transports qui le condamne à aller souvent à pied, les problèmes de communication avec les Mongols aggravés par la sottise de son interprète. Il accepte tous ces inconvénients avec courage et humour, alors qu'il manifeste un certain dépit de n'avoir pu convertir le Grand Khān. Observateur intelligent et critique, il décrit scrupuleusement ce qu'il voit et n'aborde qu'avec réserve les récits légendaires comme ceux du prêtre Jean ou du royaume des Cynocéphales. Il est le premier à distinguer les particularités de la mer Caspienne, que Plan Carpin confondait encore avec la mer Noire, et il donne une bonne description des fleuves russes. Enfin Rubrouck s'étend longuement non seulement sur la religion des Mongols, mais encore sur les cultes bouddhiques, sur les croyances des nestoriens, sur la religion chinoise, car tous les cultes se rencontrent à la cour de Mongku khān, qui a même réuni un colloque théologique en l'honneur du voyageur. Le récit de Rubrouck suscita un vif intérêt chez les intellectuels et les savants, mais ne connut jamais la popularité du livre de Marco Polo.

— Solange MARIN

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