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BARCHAÏ RUDOLF (1924-2010)

L' alto est un instrument qui ne suscite aucun vedettariat parmi ses interprètes mais dont le rôle est pourtant essentiel dans les formations de musique de chambre ou symphoniques. L'altiste et chef d'orchestre russe naturalisé israélien Rudolf Borissovitch Barchaï (Rudolf Borisovich Barshai, en translittération anglo-saxonne) est l'un de ses plus illustres défenseurs. Il naît le 28 septembre 1924, à Labinskaïa (auj. Labinsk), village du district de Krasnodar, dans le sud de la Russie. En 1938, à quatorze ans à peine, il entre au Conservatoire de Moscou, où il étudie le violon avec Lev Zeitlin, ancien élève de Leopold Auer, qui lui permet d'acquérir une technique impeccable ; il fréquente aussi la classe d'alto de Vadim Borissovski, rénovateur de l'enseignement de l'alto en U.R.S.S. et un des fondateurs du Quatuor Beethoven, et suit à Leningrad les cours de direction d'orchestre du légendaire Ilya Musin (qui formera notamment Semyon Bychkov, Yuri Temirkanov et Valery Gergiev). Rudolf Barchaï entame en 1945 une brillante carrière d'altiste ; il se consacre surtout au quatuor à cordes, qui le passionne : avec d'autres étudiants du Conservatoire de Moscou – Rostislav Dubinski (premier violon), sa première épouse, Nina (deuxième violon), et Mstislav Rostropovitch (violoncelle, bientôt remplacé par Valentin Berlinski) –, il fonde en 1945 le Quatuor philharmonique de Moscou, dont la notoriété s'établit rapidement ; il sera même sommé de jouer lors des funérailles de Staline, en 1953, et, un peu plus tard le même jour, à celles de Prokofiev. Rudolf et Nina Barchaï quittent en 1955 cette formation, qui adopte le nom de Quatuor Borodine, et rejoignent le nouveau Quatuor Tchaïkovski de Julian Sitkovetski, dissous en 1958, après la mort prématurée de son fondateur. Barchaï, qu'une profonde amitié lie à Chostakovitch, est devenu le meilleurs altiste de l'U.R.S.S. Jouant sur un Stradivarius qui a appartenu à Henri Vieuxtemps, il pratique assidûment la musique de chambre en compagnie de Leonid Kogan, Emil Guilels, Rostropovitch, avec lesquels il enregistre notamment le Premier Quatuor pour piano et cordes de Fauré, des trios pour piano et cordes de Beethoven, le Sextuor pour cordes « Souvenir de Florence » de Tchaïkovski. En soliste, il laisse une gravure légendaire de la Sonate pour alto, opus 25, de Hindemith.

En 1955, Barchaï se tourne vers la direction d'orchestre et il fonde l'Orchestre de chambre de Moscou, qui devient rapidement une des meilleures formations du genre, et acquiert une notoriété mondiale. Il en sera le chef permanent jusqu'à son exil. L'ensemble accueille les plus grands solistes soviétiques – Kogan, Guilels, Sviatoslav Richter, David Oïstrakh... –, fait connaître le répertoire baroque, alors inconnu en U.R.S.S., et à peine toléré par le régime, joue Haydn, Mozart et Schubert tout en suscitant des œuvres nouvelles de compositeurs soviétiques – Boris Tchaïkovski, Edison Denisov, Alfred Schnittke, Moisseï Vainberg, Alexandre Lokchine, dont Barchaï se fait l'ardent défenseur... Avec Oïstrakh, il effectue des enregistrements légendaires de la Symphonie concertante en mi bémol majeur pour violon et alto de Mozart (1959) et de Harold en Italie de Berlioz (1964). L'Orchestre de chambre de Moscou et le Bath Festival Orchestra de Yehudi Menuhin donnent une version insurpassable du Concerto pour double orchestre à cordes de Tippett.

Barchaï réalise des transcriptions pour orchestre de la suite pour piano Visions fugitives de Prokofiev, du Huitième Quatuor à cordes (rebaptisé Symphonie de chambre, opus 110a), puis du Troisième Quatuor (Symphonie pour cordes et bois, opus 73a), du Quatrième Quatuor (Symphonie de chambre, opus 83a) et du Dixième Quatuor de Chostakovitch. Le 29 septembre 1969, à Leningrad, il crée la Quatorzième[...]

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Écrit par

  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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