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RUMINATIONS MENTALES, psychologie

Qui n’a jamais pensé de manière répétée à une dispute avec un ami, à un examen qui s’est mal déroulé ou encore aux raisons pour lesquelles nous nous sentons tristes ou anxieux ? Ces pensées récurrentes sont appelées « ruminations mentales ». Elles représentent un processus tout à fait normal, particulièrement lorsque nous rencontrons des situations difficiles ou que nous sommes dans un état d’humeur négatif. Ces ruminations peuvent être considérées comme des tentatives pour résoudre un problème ou pour donner du sens à ce qui nous arrive. Cependant, il arrive que ces ruminations ne mènent à aucune mise en sens ni résolution de problèmes et soient associées à des difficultés psychologiques.

Les ruminations dans le cadre de la dépression

Le rôle des ruminations mentales a été largement étudié dans la dépression. Selon la théorie des styles de réponsede Susan Nolen-Hoeksema, les ruminations mentales constituent un mode de réponse stable à la détresse. Ce mode de réponse se caractérise par des pensées répétitives et passives sur les causes (« pourquoi ai-je ces symptômes ? ») et conséquences (« que va-t-il arriver ? ») des symptômes de détresse. Il est plus fréquent chez les femmes et les personnes souffrant ou ayant souffert de dépression.

Des études longitudinales ont montré que la tendance à ruminer contribuait au développement et à la sévérité de la dépression chez des personnes n’ayant jamais été déprimées et au maintien de la dépression chez les personnes déprimées. Ces effets s’expliquent par différents mécanismes. Des études expérimentales ont révélé que, lorsque l’on est dans un état d’humeur négatif, ruminer augmente l’humeur négative, mène à plus de pensées négatives (par ex., rappels de souvenirs négatifs, interprétations négatives de situations, pessimisme), interfère avec la capacité à résoudre des problèmes et est associé à une diminution de la motivation à entreprendre des activités susceptibles d’améliorer l’humeur dépressive. Les conséquences négatives des ruminations s’étendent également à la dimension interpersonnelle. En effet, les personnes ayant plus tendance à ruminer ont également moins de soutien social.

Depuis les travaux initiaux, des études ont montré que les ruminations étaient impliquées dans le développement et le maintien de plusieurs troubles tels que les troubles anxieux, les troubles alimentaires, ceux liés à l’abus de substances ainsi que dans des problématiques d’automutilation.

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