MALPASSET RUPTURE DU BARRAGE DE
Le 2 décembre 1959, le barrage de Malpasset, obturant l'étroite vallée du Reyran à 8 kilomètres en amont de Fréjus (Var) cédait, libérant 25 millions de mètres cubes d'eau qui dévastèrent plusieurs quartiers de Fréjus ; le flot tua 421 personnes au cours de sa terrible course de 11 kilomètres jusqu'à la Méditerranée.
L'enquête sur les causes de cette catastrophe fut longue. L'ouvrage était de bonne qualité et édifié sur un soubassement robuste de gneiss. Le barrage était cependant le plus mince des barrages-voûtes avec ses 6,70 mètres d'épaisseur, dressé sur 66 mètres de hauteur et incurvé sur 223 mètres entre ses appuis rocheux, et l'automne de 1959 avait été particulièrement pluvieux et le niveau de retenue des eaux atteignait au début de décembre une cote record depuis sa mise en service en 1954, à moins de 3 mètres du sommet de l'ouvrage. Des explications rigoureuses ne furent apportées que dix ans plus tard, grâce aux connaissances nouvelles sur la mécanique des roches. Ces dernières comportent beaucoup de microfissures qui permettent à l'eau d'infiltration de s'écouler vers l'aval. Lorsque le gneiss, comme d'autres roches métamorphiques, est dilaté par l'eau contenue dans les pores, sa perméabilité augmente ; mais, si cette roche est soumise à une forte pression (en l'occurrence celle exercée par le barrage), elle devient quasi imperméable. Ainsi, l'eau s'accumula dans le gneiss jusqu'à l'aplomb du barrage où une formidable surpression finit par faire expulser les roches sur lesquelles était construit l'ouvrage. C'est la rupture du soubassement qui entraîna donc la rupture de la voûte.
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Écrit par
- Yves GAUTIER
: docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection
La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015
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