RUSSIE (Arts et culture) L'art russe
L’Art russe des années 1950-2000
L’art de la période post-stalinienne (1953-1956) et du « dégel » (1957-1962/1964)
De la mort de Staline, en 1953, à la condamnation du culte de la personnalité par Nikita Khrouchtchev lors du XXe Congrès du Parti communiste (1956), la situation dans le domaine artistique demeure relativement inchangée et les artistes subissent encore une forte pression. S’ensuit une période de liberté relative, qualifiée de « dégel » par l’écrivain Ilya Ehrenbourg, et marquée par un important mais temporaire affaiblissement du contrôle de l'État, et une relative démocratisation des méthodes de gestion de la culture.
Dans les années 1960, apparaît, surtout en peinture, le «style sévère», aussi appelé «néo-réalisme soviétique», visible dans les tableaux de Dimitri Jilinski (Étudiants. Atelier des jeunes sculpteurs, 1964), de Viktor Popkov (Bâtisseurs de la centrale hydroélectrique de Bratsk, 1961) ou de Geli Korjev (le triptyque Communistes, 1960). Bien que la solennité des postures des personnages, qui semblent poser pour le public, soit conservée, les artistes ne cherchent pas à embellir leurs héros. Ils se concentrent sur les situations quotidiennes plus que sur les portraits collectifs des dirigeants du Parti communiste. En outre, ils réévaluent les réflexions formelles de l’avant-garde des années 1920. Cependant, ces innovations n’ont pas trouvé le soutien du gouvernement. En 1962, Nikita Khrouchtchev, qui visite l'exposition des artistes de Moscou dans la salle du Manège, reste persuadé que l’art ne doit représenter que des images de parade avec des ouvriers robustes et des paysans heureux. Le totalitarisme répressif revient sous la forme de la stagnation avec Leonid Brejnev (1964-1982).
En architecture, l’arrivée au pouvoir de Khrouchtchev aura une double conséquence. Dans le domaine du logement, on assiste notamment à la standardisation massive de la construction avec le développement des projets types, proches du système français Camus. Pour les bâtiments publics, en revanche, la redécouverte des projets des années 1920, rendue possible par la courte période du « dégel », permet de renouer avec les recherches formelles interrompues durant la période stalinienne.
La stagnation (1964-1985)
Au cours de cette période, l’État commande essentiellement des œuvres monumentales de rues pour commémorer la révolution d’Octobre 1917 et la « grande guerre patriotique » (1941-1945). Dans les années 1960 ont été notamment érigés de grands monuments dédiés aux héros de la bataille de Stalingrad sur la colline Mamaïev à Volgograd (Evgueni Voutchetitch, 1967) et le mémorial du cimetière Piskariovskoïe, à Leningrad (Véra Issaïeva et Robert Taurit, 1960). Chaque année, de grandes expositions officielles présentent les œuvres des artistes des quinze républiques d’U.R.S.S., dans les salles les plus solennelles et prestigieuses de Moscou et de Leningrad (expositions organisées respectivement par les unions des artistes locales, le Mosskh et le Loskh). Mais, au sein même de la structure officielle de l’Union des artistes soviétiques, naît, dans les années 1970, à Moscou et à Leningrad, le mouvement semi-officiel des jeunes artistes, qui empruntent leurs sujets et leurs personnages au théâtre, au cirque, aux bals masqués, et usent de métaphores et de paraboles. On peut citer les grotesques fantasmagoriques de Tatiana Nazarenko, le primitivisme surréaliste de Natalia Nesterova, les toiles mystiques et symbolistes d’Alexandre Sitnikov et d’Olga Boulgakova, ou encore les œuvres expressionnistes de Viktor Kalinine et d’Irina Starjenetskaïa.
Parallèlement ont commencé en 1974 les expositions des artistes non conformistes, organisées au début dans des ateliers et des appartements d’artistes ou de certains dissidents politiques, diplomates et collectionneurs, tels que George Kostakis ou Leonid[...]
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Écrit par
- Michel ALPATOV : ancien membre de l'Académie des beaux-arts de l'U.R.S.S.
- Olga MEDVEDKOVA : chargée de recherche au centre André-Chastel, université de Paris-IV-Sorbonne, docteur en histoire et civilisation de l'École des hautes études en sciences sociales, habilitée à diriger les recherches
- Cécile PICHON-BONIN : chercheuse associée au Centre d'histoire de Sciences Po
- Andreï TOLSTOÏ : docteur en histoire de l'art, membre de l'Académie russe des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, professeur de l'Institut d'architecture de Moscou, directeur de l'Institut scientifique et de recherche sur la théorie et l'histoire de l'art de Moscou
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Médias