- 1. La littérature médiévale (XIe-XVIIe siècle)
- 2. La littérature européenne en Russie (1730-1825)
- 3. La littérature de l'intelligentsia (1825-1890)
- 4. La littérature d'art (1890-1917)
- 5. La littérature soviétique (depuis 1917)
- 6. La littérature russe émigrée
- 7. La littérature postsoviétique
- 8. La poésie
- 9. Les nouvelles écritures dramatiques
- 10. Bibliographie
- 11. Site internet
RUSSIE (Arts et culture) La littérature
La littérature postsoviétique
Le roman et le récit
L’effondrement de l’URSS va profondément modifier les donnes de la culture. La période de la « perestroïka » (1985-1991) constitue de ce point de vue l'apogée du rôle central que joue la littérature dans l'opinion publique russe, comme en témoigne la parution, de la fin de 1985 au début de 1986, de trois romans qui dénoncent violemment la déliquescence morale de la société soviétique et l’état lamentable du pays, à la campagne pour L'Incendie(Požar) de Valentin Raspoutine, à la ville pour Triste Polar (Pečal'nyjdetektiv) de Viktor Astafiev (1924-2001), ou dans la nature elle-même pour Les Rêves de la louve (Plaha) de Tchinguiz Aïtmatov (1928-2008).
Une littérature réunifiée…
L'étape suivante va consister en la réunification de la littérature russe : on publie la littérature interdite auparavant (comme Nous autres d'Evguéni Zamiatine ou Le Docteur Jivago de Boris Pasternak), les œuvres écrites « pour le tiroir » – ainsi Vie et Destin (Žizn’ i sud’ba) de Vassili Grossman, rédigé de 1952 à 1960 mais publié en Russie seulement en 1988, ou Les Enfants de l'Arbat(DetiArbata) d'Anatoli Rybakov (1911-1998), écrit pendant le dégel et publié en 1987 – et celles des écrivains émigrés : les classiques, comme Vladimir Nabokov, et les écrivains plus récents, comme Sergueï Dovlatov (1941-1990), qui décrit avec humour la communauté juive russe de Brooklyn. La publication de l'œuvre d'Alexandre Soljenitsyne marque l’étape ultime de ce processus de réunification : L’Archipel du Goulagparaît en URSS en novembre 1989, alors que tombe le mur de Berlin... C’est la fin de l’ère des frontières étanches et des émigrations définitives.
…et un lectorat divisé
Dans un premier temps, tous se passionnent pour ces textes qui dévoilent ce qui avait été tenu soigneusement secret pendant la période soviétique. Après cette vague de publications, les médias prennent le relais des débats d'idées, et le marché du livre se modifie : le grand public, lassé des œuvres trop sombres, se tourne vers une littérature de distraction, dans laquelle le roman policier, peu encouragé durant la période soviétique, a la part belle. On s’arrache ceux d’Alexandra Marinina, où l’auteur montre la nouvelle société russe, les élégants romans à énigme dans le style victorien du japoniste Boris Akounine ou les violents thrillers de Viktor Dotsenko dans lesquels officient des vétérans de l’Afghanistan (c’est le cas de l’auteur) ou des ex-membres du KGB La science-fiction, déjà présente en URSS, et le nouveau genre de la fantasy – slavisante de Maria Semënova, urbaine de Sergueï Loukianov ou de Dimitri Gloukhovski – connaissent un développement sans précédent.
On assiste ainsi à une division du lectorat entre l’amateur de plaisir facile, qui devient majoritaire, et celui qui trouve dans la littérature une source de réflexions sur la vie et le monde. La littérature n’est plus sacralisée comme elle l’était quand elle seule portait toute parole subversive. La culture « élitiste » reflète la crise et le désarroi des intellectuels russes, et les interrogations d'une société confrontée tout à la fois à la révision de son passé et à un présent à bien des égards difficile.
Retour sur le passé
Une véritable explosion : c’est ce qui caractérise la prose des premières années postsoviétiques. La libération de la parole permet d’évacuer les traumatismes et de briser le silence. Elle lève les tabous et introduit dans la littérature le corps, les thèmes sulfureux, la violence, cela dans un langage souvent cru. L’écriture est placée sous le signe de l’éclatement des genres, de leur diversification et de l’expérimentation. Deux tendances contradictoires se côtoient : la représentation au plus près du réel et la fuite vers l’imaginaire.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Michel AUCOUTURIER : professeur à l'université de Paris-Sorbonne et à l'École normale supérieure
- Marie-Christine AUTANT-MATHIEU : directrice de recherche au CNRS, directrice adjointe de l'UMR 8224 EUR'ORBEM (université de Paris--Sorbonne - CNRS)
- Hélène HENRY : ancienne élève de l'École nationale supérieure de Sèvres, maître de conférences honoraire à l'université de Paris-Sorbonne
- Hélène MÉLAT : maître de conférences en littérature et culture russes, Sorbonne université
- Georges NIVAT : professeur honoraire à l'université de Genève, recteur de l'université internationale Lomonosov à Genève, président des Rencontres internationales de Genève
Classification
Médias