- 1. La laborieuse sortie de l’économie planifiée
- 2. Les premières politiques de transition (1992-1998)
- 3. Le retour de la croissance en Russie
- 4. La réaffirmation de l’État dans l’économie russe
- 5. L’économie russe après la crise financière mondiale de 2008
- 6. Les défis structurels de l’économie russe
- 7. Bibliographie
RUSSIE (Le territoire et les hommes) Économie
Capitale | Moscou |
Unité monétaire | Rouble (RUB) |
Population (estim.) |
145 165 000 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
12 830 $ (2022) |
L’histoire de l’économie russe à partir de la disparition de l’URSS en 1991 est symptomatique des enjeux de la « transition » qu’a connue toute l’Europe de l’Est à la fin du xxe siècle et au début du xxie : le passage d’un système économique de type soviétique à un système de type capitaliste. Les grandes transformations entraînées par ce changement ont été plus longues et plus difficiles que prévu. En vingt ans, l’économie russe est bien devenue capitaliste, mais sous une forme très éloignée des modèles imaginés par les réformateurs du pays.
La dimension politique de ces évolutions est déterminante. Malgré un discours officiel à prétentions techniques, l’économie de l’Union soviétique était régie par le politique. En 1991 encore, les enjeux politiques de la dissolution de l’URSS ont profondément influencé les choix économiques des dirigeants. L’échec de la « thérapie de choc » mise en place de 1992 à 1994 fut aussi celui de l’idée, toute politique, que les institutions occidentales pouvaient être directement reproduites en Russie postsoviétique. Ce serait donc une erreur de considérer que l’action de Vladimir Poutine au sommet de l’État, à partir de 2000, marque un retour du politique dans l’économie russe. En outre, pendant la première décennie du xxie siècle, et en dépit d’une nette amélioration du niveau de vie de la population et des finances publiques du pays, la Russie est restée marquée par des fragilités structurelles préoccupantes, liées à la répartition géographique de ses activités et à l’enracinement de certaines rentes de situation.
La laborieuse sortie de l’économie planifiée
Au début des années 1980, l’écart de développement économique entre l’URSS et l’Occident devient criant. À l’Ouest, le rythme des innovations s’accélère. En URSS, les blocages de la planification centralisée s’accentuent et entraînent inefficacité, gaspillage et pénurie. « L’accélération », premier mot d’ordre de Mikhaïl Gorbatchev, arrivé à la tête du parti en 1985, ne donnant pas les résultats escomptés, la perestroïka (« reconstruction ») lui succède en 1986. Entreprises et acteurs individuels sont dotés de nouveaux droits économiques et commencent à jouir d’une certaine autonomie de gestion. Le monopole d’État sur le commerce extérieur est remplacé par un système de licences.
Les résultats sont indéniables : en moins de trois ans, plus de 200 000 coopératives voient le jour. Au début de 1990, celles-ci « pèsent » 4,8 millions d’emplois et plus de 5 p. 100 du PIB de l’URSS Mais les réformes ont affaibli la cohérence de la planification sans permettre l’émergence de la discipline nécessaire à la coordination des échanges marchands. Les failles de la législation et sa mauvaise application favorisent les abus de toutes sortes : fuites de capitaux via les coopératives, entreprises d’État minées de l’intérieur par les structures privées qui s’y implantent, augmentations des salaires que ne justifient ni la production en baisse ni le maintien de la planification des prix… Enfin, la corruption et l’évasion fiscale se développent.
À l’extérieur, les relations avec les anciens pays satellites se distendent : le Mur de Berlin tombe en novembre 1989, ce qui rend rapidement caduc le pacte de Varsovie. Désormais superflu, l’outil de coopération économique du bloc soviétique, le Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM ou, selon l’appellation anglaise abrégée, Comecon) est dissous le 28 juin 1991. En URSS même, la désorganisation gagne : des républiques soviétiques restreignent leurs livraisons à d’autres républiques de l’URSS, ce qui aggrave les pénuries, le phénomène se propageant même à certaines régions de la Russie.
La décomposition de l’Union soviétique atteint un stade critique au cours de l’été[...]
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Écrit par
- Julien VERCUEIL : maître de conférences en sciences économiques à l'Institut national des langues et civilisations orientales, Paris
Classification
Médias