- 1. La laborieuse sortie de l’économie planifiée
- 2. Les premières politiques de transition (1992-1998)
- 3. Le retour de la croissance en Russie
- 4. La réaffirmation de l’État dans l’économie russe
- 5. L’économie russe après la crise financière mondiale de 2008
- 6. Les défis structurels de l’économie russe
- 7. Bibliographie
RUSSIE (Le territoire et les hommes) Économie
Capitale | Moscou |
Unité monétaire | Rouble (RUB) |
Population (estim.) |
145 165 000 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
12 830 $ (2022) |
Le retour de la croissance en Russie
L’insuffisance des recettes fiscales et une politique monétaire excessivement stricte ont bientôt raison des capacités financières de l’État. Déstabilisé par la crise asiatique, qui provoque le retrait des capitaux des marchés émergents, le rouble est attaqué. Le 17 août 1998, le gouvernement cesse de soutenir le taux de change du rouble et annonce un défaut partiel sur la dette souveraine. La crise politique qui s’ensuit provoque la chute du gouvernement et son remplacement. Coupé du marché international des capitaux, le système financier russe est déstabilisé. En deux mois, le rouble perd 40 p. 100 de sa valeur, ce qui provoque une flambée inflationniste.
Néanmoins, la dévaluation du rouble renchérit les importations et rend sa compétitivité à l’industrie. Le compte des transactions courantes se redresse, l’industrie redémarre. Dans un premier temps, en 1999, la demande extérieure est le principal moteur de la croissance : l’appétit du monde pour les exportations russes, composées à 70 p. 100 de matières premières énergétiques, ne se dément pas. À partir de 2000, la demande intérieure prend le relais. De 2000 à 2003, l’offre se redresse et l’industrie contribue à plus de la moitié de la croissance.
Alors qu’ils étaient au plus bas en mars 1999, les prix du pétrole amorcent en effet une remontée progressive. Cette embellie stimule la production de matières premières, ce qui explique pour 80 p. 100 la croissance de l’industrie à ce moment : avec des exportations qui doublent de valeur, l’augmentation des recettes de l’économie russe atteint alors les 80 milliards de dollars, soit 45 p. 100 du PIB de 1999. Le rebond de l’économie se renforce grâce au changement de la situation politique. Au chaos du temps de Boris Eltsine succède, à partir de 2000, une stabilité institutionnelle nouvelle : le nouveau président, Vladimir Poutine, s’assure progressivement d’une majorité parlementaire solide. Le nouveau pouvoir abandonne le monétarisme, tout en évitant l’affaiblissement délibéré du rouble. Le contrôle des changes permet à la Banque centrale de reconstituer ses réserves. Afin de résoudre la question des ressources de l’État, une réforme fiscale est mise en œuvre : réduction du nombre de taxes, impôt à taux fixe sur le revenu, fusion des contributions sociales, baisse de la TVA (en contrepartie de la réduction des exemptions), hausse des taxes pétrolières…
Suivant en cela la doctrine du nouveau pouvoir – « dictature de la loi » et « verticale du pouvoir » –, l’appareil administratif s’aligne sur les décisions du centre, ce qui favorise leur mise en œuvre sur le terrain. La collecte fiscale devient régulièrement supérieure aux objectifs, les privatisations fournissent des recettes supplémentaires, les excédents budgétaires permettent à l’État de rembourser sa dette extérieure par anticipation, tout en obtenant la décote de celle qu’il a héritée de l’Union soviétique.
De 1998 à 2003, l’économie russe retrouve aussi sa liquidité : les arriérés de paiements et la part du troc déclinent. L’investissement productif reprend. Soutenues par la consommation des ménages, les petites et moyennes entreprises se développent. Le chômage diminue (inégalement selon les régions). Les salaires réels augmentent de 25 p. 100. Cependant, le taux de pauvreté ne décline qu’avec retard, faute d’une redistribution significative des fruits de la croissance russe, pourtant vive (6,3 p. 100 par an en moyenne). Les inégalités de patrimoine sont exceptionnellement élevées et la protection sociale dépend encore en grande partie des logements distribués gratuitement aux familles après la disparition de l’URSS en 1991, ainsi que des lopins de terre individuels qui assurent aux plus modestes quelques ressources alimentaires. Le maintien, à l’intérieur du pays, du faible[...]
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Écrit par
- Julien VERCUEIL : maître de conférences en sciences économiques à l'Institut national des langues et civilisations orientales, Paris
Classification
Médias