- 1. La laborieuse sortie de l’économie planifiée
- 2. Les premières politiques de transition (1992-1998)
- 3. Le retour de la croissance en Russie
- 4. La réaffirmation de l’État dans l’économie russe
- 5. L’économie russe après la crise financière mondiale de 2008
- 6. Les défis structurels de l’économie russe
- 7. Bibliographie
RUSSIE (Le territoire et les hommes) Économie
Capitale | Moscou |
Unité monétaire | Rouble (RUB) |
Population (estim.) |
145 165 000 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
12 830 $ (2022) |
L’économie russe après la crise financière mondiale de 2008
Pour l’économie russe, la crise financière de 2008 est un coup dur, car elle fait baisser à la fois la demande extérieure et les prix des exportations. À la Bourse de Moscou, les valeurs chutent de 70 p. 100, ce qui contraint les autorités à la fermer temporairement. Les flux de capitaux s’inversent et les financements extérieurs s’interrompent : les grands combinats exportateurs doivent brader leurs actifs pour honorer leur dette en devises. Au début de 2009, après avoir dépensé plus du tiers de ses réserves en devises, la Banque centrale de Russie laisse filer le taux de change du rouble.
Comme partout ailleurs, le marché interbancaire se tarit, mettant en difficulté le secteur financier et les entreprises. Pour le pétrole, la baisse des prix n’a qu’un temps. Mais elle est durable pour le gaz, dont le marché est structurellement modifié par des changements techniques (développement du gaz naturel liquéfié et du gaz de schiste). Le modèle économique de Gazprom est fragilisé et doit être révisé – ce modèle repose sur des contrats à long terme et sur des prix élevés, ce qui permet de financer les gazoducs qui acheminent le gaz vers l’Europe.
La chute de la production des biens de consommation (agriculture, forêt, industrie manufacturière, industries extractives) entraîne celle des autres biens et services (distribution d’énergie, gaz et eau, construction, commerce de gros et de détail, services financiers). Grâce au fonds de réserve, l’État réagit à temps et recapitalise le secteur bancaire et les principales entreprises industrielles (L. Grigoriev et E. Gourvitch, 2013). La chute de l’activité (–7,8 p. 100 de PIB en 2009) est plus forte que dans la majorité des pays européens, mais elle est de courte durée. Elle est rapidement suivie d’une reprise de la croissance (plus de 4 p. 100 en 2010, moitié moins cependant qu’avant la crise). Par ailleurs, grâce aux acquisitions de l’État pendant la crise, celui-ci contrôle désormais plus de 50 p. 100 de la production du pays.
Le choc de 2008-2009 apprend aux autorités que l’économie russe n’est pas immunisée contre les turbulences du monde extérieur. Bien que la Russie ait repris sa marche en avant après 2010, l’exploitation de son potentiel productif reste toujours aussi peu efficace (E. Gavrilenkov, 2013).
La Banque centrale continue d’afficher une politique monétaire relativement stricte et annonce en 2012 un changement d’objectif (effectif en 2015) : désormais, la principale variable surveillée ne sera plus le taux de change, mais le taux d’inflation. Cette décision repose sur l’hypothèse que les acteurs économiques ont bien ancré leur confiance dans la monnaie nationale. Or cette hypothèse s’est avérée exagérément optimiste.
C’est à nouveau un choc extérieur à l’économie russe qui va mettre à l’épreuve sa solidité : à la suite des événements de la place Maidan de Kiev, en Ukraine, fin 2013, la situation politique se dégrade en Crimée et dans certaines parties du Donbass (région houillère limitrophe avec la Russie). Ce processus dégénère en affrontements armés entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes ; puis, en mars 2014, la Crimée est annexée par la Russie.
Réagissant à ces événements, les puissances occidentales sanctionnent la Russie en privant de visa certains de ses dirigeants, en limitant l’accès de quelques entreprises et banques aux financements en dollars, en suspendant les livraisons d’équipements militaires et de biens à double usage et en interdisant tout transfert de technologies dans les secteurs les plus techniques de l’exploration pétro-gazière.
De son côté, l’économie russe montre des signes de stagnation dès 2014, puis bascule dans la récession en 2015 et 2016. Fin 2014, une crise de change secoue le pays. Le rouble perd[...]
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Écrit par
- Julien VERCUEIL : maître de conférences en sciences économiques à l'Institut national des langues et civilisations orientales, Paris
Classification
Médias