RUSSIE (Le territoire et les hommes) Géographie
Capitale | Moscou |
Langue officielle | Russe |
Unité monétaire | Rouble (RUB) |
Population (estim.) |
145 165 000 (2024) |
Superficie |
17 075 400 km²
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Les transports intérieurs, talon d'Achille de l'économie
Si l'immensité présente l'intérêt de multiplier les ressources tant minérales que biologiques, elle présente l'inconvénient de les disperser sur une vaste surface. À cela se superpose un handicap supplémentaire : les ressources de base (hydrocarbures, houille, hydroélectricité, minerais) se trouvent en Sibérie, alors que la population et l'industrie de transformation restent massivement situées à l'ouest de l'Oural. Matières premières et énergie doivent donc converger vers l'ouest, les produits fabriqués devant être distribués sur tout le territoire. La démesure des distances et la rigueur du milieu se conjuguent alors pour faire des transports un problème clé de l'économie russe.
Pour faire face à ce défi, les fleuves ne sont pas d'un grand secours. Ils suivent une orientation sud-nord, alors que le besoin essentiel de transport se situe sur un axe est-ouest. Leur période de navigabilité est au surplus réduite : pendant trois à sept mois de l'année, ils sont pris par une carapace de glace épaisse de 1 mètre et plus, et la débâcle de printemps interdit encore la circulation pendant deux mois. La navigation fluviale n'assure donc que moins de 2 p. 100 des transports intérieurs.
À l'échelle régionale, elle peut cependant jouer un rôle important. C'est le cas à l'ouest de l'Oural. Cette zone qui abrite l'essentiel de la population et de l'industrie du pays est innervée par la Volga et ses affluents ; des seuils facilement aménageables séparent ce bassin fluvial de bassins voisins (Don, Svir). Entre 1933 et 1952, Staline y fit aménager le système des Cinq Mers. Réaménagé depuis, il constitue une artère maîtresse articulée sur la Volga et mettant en communication la mer Caspienne, la mer d'Azov (et au-delà, la mer Noire), la Baltique et la mer Blanche, pour des navires fluvio-maritimes de 5 000 tonnes. Ce système voit passer 40 p. 100 du trafic fluvial russe.
L'essentiel de la charge de transport terrestre est supportée par le réseau de gazoducs et d'oléoducs et par la voie ferrée. Les conduites assurent 50 p. 100 des transports de marchandises, mais les équipements souffrent de vétusté, et, depuis 1990, plusieurs ruptures importantes ont provoqué de sérieux dégâts dans les écosystèmes relativement fragiles du Grand Nord.
Les pondéreux autres que les hydrocarbures circulent par voie ferrée (42 p. 100 du trafic). Ce mode de transport souffre lui aussi de vétusté (45 p. 100 du parc de locomotives électriques a plus de vingt-cinq ans) et du manque de matériel. Il n'assure qu'une circulation très lente (l'écartement des voies y est plus large qu'en Occident). La partie occidentale du pays est bien desservie par un réseau construit en étoile autour de Moscou. À l'est de l'Oural, en revanche, le réseau se limite à un cordon linéaire méridional, lien d'importance stratégique car il constitue le seul axe lourd entre l'Oural et le Pacifique. Entre l'Oural et l'Ienisseï, l'U.R.S.S. disposait de trois axes, mais depuis l'indépendance du Kazakhstan (1991), il n'en reste qu'un seul dont le tracé soit intégralement en Russie. À l'est du Baïkal, pour doubler l'axe unique, le régime soviétique avait construit à grands frais le B.A.M. (Baïkal-Amour Magistrale), ligne dont la maintenance s'avère difficile en raison des conditions naturelles.
Le transport routier n'assure que 4 p. 100 du trafic en raison de l'état médiocre d’un réseau que le régime soviétique considérait comme secondaire et voué à la desserte locale. On ne compte encore que 37 kilomètres de routes revêtues pour 1 000 kilomètres carrés (150 à 300 dans la partie occidentale du pays, mieux équipée), contre 23 en 1990. Les deux tiers[...]
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Écrit par
- Pascal MARCHAND : professeur à l'université de Lyon-II, chercheur au Centre Magellan, Université de Lyon-III
Classification
Médias