RUSSIE (Le territoire et les hommes) Géographie
Capitale | Moscou |
Langue officielle | Russe |
Unité monétaire | Rouble (RUB) |
Population (estim.) |
145 165 000 (2024) |
Superficie |
17 075 400 km²
|
La population de la Russie
L' expansion démographique et territoriale russe
C'est en 1558 qu'Ivan IV le Terrible accorde des privilèges d'exploitation des territoires situés à l'est de l’Oural aux Stroganov qui, à la recherche de fourrures, financent des expéditions de plus en plus loin vers l'est. Un mouvement est lancé, qui conduira les cosaques sur les rives du Pacifique en 1639 (et même, plus tard, en Alaska). À la fin du xviiie siècle, la Russie a conquis la Sibérie et ses 10 millions de kilomètres carrés : pendant deux cent cinquante ans, le pays s'est agrandi au rythme de 100 kilomètres carrés par jour. Jusqu'au début du xixe siècle, ce territoire reste vide : la Sibérie ne compte que 1,5 million d'habitants en 1815. Elle en compte 10 millions en 1914 et 23 millions en 1960.
Dans le courant du xixe et du xxe siècle, la Russie connaît en effet une explosion démographique : elle passe de 36 millions d'habitants en 1796 à 90 millions en 1914. L'essentiel de cette croissance est le fait de la fécondité exceptionnelle de la population slave : au début du xxe siècle, une femme russe a en moyenne six ou sept enfants (contre trois en Europe). En 1937, l'indice de fécondité est encore de 4,9 enfants par femme ; en 1960, il chutera à 2,5. Cette démographie galopante a permis le peuplement du pays malgré les épreuves du xxe siècle : plus de 12 millions de morts civils et militaires entre 1914 et 1921 (Première Guerre mondiale, puis guerre civile), 1 million entre 1934 et 1939 (terreur stalinienne), 26 ou 27 millions lors de la Seconde Guerre mondiale.
Après 1960, la fécondité russe s'est rapidement alignée sur celle de l'Europe. L’affaiblissement s'est transformé en effondrement sous l'effet de deux facteurs : l'arrivée en âge de procréer, à partir de 1985, des « classes creuses » des années 1960, elles-mêmes contrecoup des « classes creuses » des années 1940, et la crise sociale enclenchée en 1989, qui incite les couples à différer les naissances. Le taux de natalité est ainsi tombé à 10,7 p. 1 000 en 1992, puis à moins de 9 p. 1000 entre 1996 et 2001. Depuis 2003, il s'est redressé (12,4 p. 1 000 en 2009), mais reste inférieur au taux de mortalité.
Depuis 1992, le nombre des naissances est inférieur à celui des décès. Une telle situation d'accroissement naturel négatif n'avait jamais été observée, dans aucun pays, en temps de paix. L'accroissement de la mortalité (de 11 p. 1000 dans les années 1980 à 16 p. 1000 en 2006) était lié à l'alcoolisme, à l'effondrement du système de santé, à la hausse de la criminalité et des suicides. Depuis lors, le taux de mortalité enregistre une baisse (14,2 p. 1 000 en 2009). L'espérance de vie reste basse, 74 ans pour les femmes et 62 ans pour les hommes (2008).
Une répartition très inégale
La Russie a une densité moyenne faible (8,4 hab./km2), mais ses 141,9 millions d'habitants (2009) sont très inégalement répartis. La partie occidentale est la plus peuplée. Au-delà de l'Oural, dans le sud de la Sibérie, s'étire une mince bande de peuplement qui s'effiloche progressivement vers l'est. L'histoire du peuplement russe se lit à travers la répartition actuelle des densités.
Dans l'Ouest, sur 5 millions de kilomètres carrés, la densité est de 25 habitants au kilomètre carré. C'est le berceau du peuple russe, auquel la forêt mixte avec ses clairières a longtemps servi de refuge contre les envahisseurs. C'est aussi le domaine de la steppe fertile, sur laquelle la colonisation s'est engagée dès le xvie siècle. Le Nord, plus inhospitalier, est occupé sporadiquement dès cette époque, mais reste relativement vide encore aujourd'hui.
La forte expansion démographique du xixe siècle[...]
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Écrit par
- Pascal MARCHAND : professeur à l'université de Lyon-II, chercheur au Centre Magellan, Université de Lyon-III
Classification
Médias