Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RUSSIE (Le territoire et les hommes) Histoire

Le siècle de l'expansion sibérienne

Ivan IV le Terrible

La poussée colonisatrice des paysans russes se heurtait à l'est au khanat de Kazan (Kazan'), héritier de la Horde d'Or, qui rassemblait les populations turques et finnoises de la moyenne Volga et de la région préouralienne (Mordves, Oudmourtes, Mariis, Tchouvaches, Tatars, Bachkirs). Les conquêtes d'Ivan IV le Terrible, s'emparant de Kazan en 1552, d'Astrakhan (Astrakhan') en 1556, ont fait disparaître l'obstacle à une progression rapide qui allait, en moins d'un siècle (fondation d'Okhotsk, 1649, à 6 000 km de Moscou), porter les Cosaques et les marchands russes à travers des immensités à peine peuplées, facilement conquises, jusqu'aux rivages du Pacifique. Longtemps après la conquête, la Sibérie est restée vide d'hommes (quelques centaines de milliers d'allogènes, des groupes isolés de colons russes), simplement quadrillée de postes fortifiés qui assuraient l'obéissance des indigènes, soumis à un tribut en fourrures (jasak). Mais les régions de la Volga et de l'Oural ont vu bientôt affluer les paysans de l'État, trop nombreux sur les terres de la Russie centrale ou fuyant les exigences des propriétaires ; la colonisation ici a cerné les peuples allogènes, s'est imbriquée à eux, sans les intégrer, ni les supprimer. À partir du xvie siècle, la Russie d'Europe devient une mosaïque de peuples à dominante slave.

Ivan le Terrible - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Ivan le Terrible

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

Après avoir lancé l' aristocratie guerrière à la conquête de nouveaux territoires, Ivan le Terrible la soumit par le biais d'une réorganisation complète de l'appareil d'État. Déjà, dans la première moitié du xvie siècle, le tsar exerçait un pouvoir arbitraire, avec l'aide de la Douma (conseil) des boyards, et parfois du ZemskijSobor (sorte d'états généraux). Mais la haute aristocratie était peu soumise et avait même pris le pouvoir pendant la régence de cinq ans (1533-1538) qui avait précédé le règne effectif d'Ivan IV. Après ses victoires, et non sans résistance (car il doit un moment se réfugier au monastère de Saint-Serge, 1564), le tsar bouscule, par le système provisoire de l'opričnina, les hiérarchies traditionnelles, administrant directement les régions centrales les plus riches et les plus peuplées, laissant au contrôle de la Douma les terres périphériques ; une nouvelle distribution (qui se révélera définitive) des terres à ses serviteurs s'accompagne d'une décimation des boyards, de la promotion d'une petite aristocratie terrienne, désormais attachée au pouvoir, mais aussi d'une aggravation du sort des paysans des domaines privés, de plus en plus dépendants de leurs propriétaires. Désormais, dans les relations entre le tsar et la haute aristocratie, l'attachement personnel compte moins que le devoir envers le souverain et un certain sentiment patriotique qu'exprime Ivan IV dans son échange de lettres avec le prince Kourbski (Kurbskij), « traître » réfugié en Livonie. Cependant, le système de gouvernement s'améliorait par une relative spécialisation des bureaux (les prikazy, ou prikazes, parmi lesquels le prikaze des Ambassades était une sorte de ministre des Affaires étrangères), et l'importance des voïévodes, agents du tsar dans les provinces. L'autorité souveraine était toutefois peu reconnue sur les marches méridionales, aux confins des États lituanien et tatar, où des groupes de fugitifs se rassemblaient militairement en collectivités « cosaques » autonomes, faisant payer leur rôle de gardes-frontières, sans pour autant être toujours fidèles.

Au xvie siècle commence aussi l'ouverture vers l'ouest, l'envoi de missions diplomatiques en Europe occidentale (à la cour d'Espagne), les échanges commerciaux avec l'Angleterre, la France. La[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I, directeur de l'Institut de recherches comparatives sur les institutions et le droit du C.N.R.S.
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Médias

Russie, formation de l'empire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Russie, formation de l'empire

1200 à 1300. L'Asie des Mongols - crédits : Encyclopædia Universalis France

1200 à 1300. L'Asie des Mongols

Russie, XVIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Russie, XVIIIe siècle