- 1. Débuts d'un État
- 2. La Moscovie : du morcellement féodal à l'État centralisé
- 3. Le siècle de l'expansion sibérienne
- 4. La vieille Russie du XVIIe siècle
- 5. La Russie des despotes éclairés, grand État européen
- 6. Précapitalisme et réformes
- 7. L'industrialisation, la conquête des marchés asiatiques
- 8. Crises et première révolution
- 9. Les contradictions de la monarchie constitutionnelle
- 10. La Première Guerre mondiale
- 11. De la R.S.F.S.R. à la fédération de Russie
- 12. Bibliographie
RUSSIE (Le territoire et les hommes) Histoire
Précapitalisme et réformes
Après les guerres napoléoniennes, l'Europe du congrès de Vienne (1814-1815) est dominée par la Russie, membre prépondérant de la Sainte-Alliance, sous le règne d' Alexandre Ier (1801-1825) et de Nicolas Ier (1825-1855). L'expansion russe se poursuit au Caucase où les pays géorgiens ont déjà reconnu l'autorité du tsar (1799-1811) avec l'agrément de la Turquie (traité de Bucarest, 1812) ; à la suite de la guerre russo-iranienne de 1826-1828 (paix de Tourkmantchaï [Turkmančaj]), la Russie annexe l'Arménie orientale ; elle doit cependant réduire, par une guerre de type colonial, la longue résistance du chef montagnard Chamil (Šamil'), vaincu en 1859. Mêlée à la question d'Orient, elle s'efforce de développer son influence dans les Balkans, après l'annexion de la Bessarabie (1812), et soutient les luttes d'indépendance contre l'Empire ottoman (traité d'Andrinople, 1829). Elle ne peut cependant, devant la pression anglaise, contrôler les Détroits et doit, de 1853 à 1855, soutenir contre une coalition européenne (Angleterre, France, Turquie, Sardaigne) une guerre très dure, menée en Crimée, et qui s'achève par sa défaite (traité de Paris, 1856, qui décide la neutralisation de la mer Noire). La guerre de Crimée, révélant les faiblesses internes de cet empire en apparence si puissant, marqua le début d'une nouvelle période de son histoire, pleine de difficultés et d'efforts d'adaptation.
Répression des révoltes et développement du sentiment national
Pourtant l'autocratie avait résisté au soulèvement des « décabristes » (14 décembre 1825), complot militaire d'officiers nobles nourris des leçons de la révolution américaine et de la Révolution française, et qui voulaient substituer au tsarisme un régime plus libéral, sinon démocratique. Les exécutions et l'exil en Sibérie châtièrent les comploteurs, qui n'avaient pas bénéficié d'appui dans le peuple. Le gouvernement avait aussi écrasé la révolte polonaise de 1831 dans le royaume du Congrès (région de Varsovie), né du repartage de la Pologne en 1815 et attribué à la Russie. Celle-ci ne fut pas touchée par le mouvement révolutionnaire européen de 1848 ; bien plus, ce furent les armées russes qui, se portant au secours de l'Autriche, étouffèrent la révolution hongroise de 1849.
Les troubles paysans qui se multiplient (plus de 700 cas entre 1826 et 1854) et qui aboutissent parfois à une véritable insurrection régionale comme en 1839, dans douze gouvernements du centre, n'ont pas pour autant modifié le problème du servage, dont la discussion montre l'âpre attachement des nobles à leurs privilèges. L'échec du décabrisme avait mis fin à toute opposition de la noblesse au régime, et le règne de Nicolas Ier, après celui d'Alexandre Ier, fut pour l'État et la nation une période de progrès. La codification des lois date des années trente. L'instruction s'étend à des cercles plus larges. De nouvelles universités sont créées (Vilno, 1802, qui fut fermée après la révolte polonaise de 1831 ; Dorpat, 1802 ; Kharkov, Kazan, 1804 ; Saint-Pétersbourg, 1819 ; Kiev, 1835). Le nombre des écoles élémentaires augmente rapidement (3 000 en 1853), comme le nombre des élèves (une centaine de milliers). Les besoins de l'industrie, des villes qui se développent suscitent la création d'un institut technologique (1828), d'une école d'architecture (1830) et d'une école d'ingénieurs civils (1831). De nombreuses revues scientifiques et littéraires paraissent (Revue des mines, des manufactures et du commerce, 1825 ; Revue du ministère de l'Instruction publique, 1834 ; Annales de la patrie, 1838, qui bénéficie de la collaboration des meilleurs écrivains du temps). La Russie[...]
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Écrit par
- Michel LESAGE : professeur à l'université de Paris-I, directeur de l'Institut de recherches comparatives sur les institutions et le droit du C.N.R.S.
- Roger PORTAL : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
Médias