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RUSSIE (Le territoire et les hommes) Histoire

L'industrialisation, la conquête des marchés asiatiques

La suppression du servage inaugure la période capitaliste de l'histoire de la Russie. L'essor industriel de la première moitié du xixe siècle et l'exportation croissante de céréales avaient seulement amorcé une accumulation de capitaux, mais qui étaient trop insuffisants pour permettre de rattraper le retard économique.

La révolution industrielle

La Russie ne put entrer vraiment dans l'ère industrielle que par l'intervention de l'État et l'emprunt de capitaux à l'étranger. Les changements profonds de ses structures économiques sont un fait tardif, postérieur à 1880. La faiblesse du marché de consommation paysan qui s'élargissait trop lentement, autant que le manque de capitaux privés, a contraint le gouvernement à devenir, par la voie des finances publiques et des banques étrangères, le principal client de la grande industrie, animée par les commandes de drap pour la troupe, de produits métallurgiques pour l'armée, la flotte de guerre et les chemins de fer. Le gouvernement, pour des raisons à la fois politiques et économiques, entreprit la construction d'un réseau de voies ferrées. Avant la guerre de Crimée, il n'existait que deux lignes d'intérêt général, celle de Saint-Pétersbourg à Tsarskoïe Selo (1837), d'utilité très locale, et la ligne Saint-Pétersbourg-Moscou, mise en service en 1851. Trente ans plus tard, le réseau, qui atteignait une longueur de 25 000 km, reliait en étoile Moscou à Nijni Novgorod (Nižnij Novgorod), Voronèje (Voronež), Kharkov, Kiev, Rostov-sur-le-Don et Varsovie, traversait en écharpe la Russie de Riga à Tsaritsyne (Caricyn), de Kiev à Königsberg, et rapprochait plusieurs villes méridionales de la mer Noire. La fabrication des rails, puis des machines, fit de l'Ukraine agricole, dans le dernier quart du xixe siècle, une grande région industrielle. La construction du Transsibérien, commencée en 1891 et achevée en 1902, renforça la colonisation sibérienne, permit la mise en valeur des régions méridionales de cet immense territoire, et fut l'instrument de la politique d'expansion en Extrême-Orient. En 1913, la longueur du réseau ferré atteignait (sans la Finlande) 70 000 km et ne répondait cependant pas encore aux besoins stratégiques et économiques du pays. La navigation fluviale traditionnelle s'était à la fin du siècle modernisée ; à 20 000 bateaux non motorisés, s'ajoutaient, en 1895, 2 539 vapeurs, nombre qui avait doublé en 1913.

La construction des voies ferrées, l'équipement des ports, la fabrication d'armements, associant de plus en plus capitaux privés et participation de l'État et nécessitant un appel au capitalisme occidental, engagèrent le gouvernement dans une politique financière qui domina toute la vie économique de la seconde moitié du siècle. Les ministres des Finances Reitern (1862-1878), Bunge (1878-1887), Vichnegradski (Višnegradskij, 1887-1892) et Witte (1892-1903), par une série de mesures d'assainissement et une fiscalité plus lourde, qui, par l'intermédiaire des impôts indirects, pesa principalement sur la paysannerie, rétablirent l'équilibre budgétaire (1888), compromis par la guerre balkanique de 1877-1878. Le tarif protectionniste de 1891 améliora la balance du commerce extérieur, déclenchant une guerre douanière de trois ans avec l'Allemagne. Mais déjà, le rapprochement avec la France, pour des raisons politiques, faisait de Paris (l'«  emprunt russe » à partir de 1887) un marché de capitaux à destination de la Russie sous forme d'emprunts d'État et d'investissements privés. L' alliance franco-russe (1891-1892) renforça la confiance qu'inspirait la Russie, mais inversement l'utilisation des emprunts permit au gouvernement d'établir en 1897 le rouble-or, monnaie forte et stable qui consolida son crédit. La Banque d'Empire, pivot de l'opération,[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I, directeur de l'Institut de recherches comparatives sur les institutions et le droit du C.N.R.S.
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

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Russie, formation de l'empire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Russie, formation de l'empire

1200 à 1300. L'Asie des Mongols - crédits : Encyclopædia Universalis France

1200 à 1300. L'Asie des Mongols

Russie, XVIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

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