- 1. Débuts d'un État
- 2. La Moscovie : du morcellement féodal à l'État centralisé
- 3. Le siècle de l'expansion sibérienne
- 4. La vieille Russie du XVIIe siècle
- 5. La Russie des despotes éclairés, grand État européen
- 6. Précapitalisme et réformes
- 7. L'industrialisation, la conquête des marchés asiatiques
- 8. Crises et première révolution
- 9. Les contradictions de la monarchie constitutionnelle
- 10. La Première Guerre mondiale
- 11. De la R.S.F.S.R. à la fédération de Russie
- 12. Bibliographie
RUSSIE (Le territoire et les hommes) Histoire
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Les contradictions de la monarchie constitutionnelle
Des problèmes sociaux non résolus
Les jacqueries de la période 1900-1906 avaient révélé que le mir n'était nullement un facteur d'ordre social ; d'ailleurs, les partages périodiques tombaient en désuétude et, en 1905, trois millions et demi de paysans n'en avaient pas effectué depuis cinquante ans et se considéraient comme propriétaires individuels. Avec le but politique de développer à la campagne une bourgeoisie villageoise, qui serait le soutien du régime, le gouvernement, par les lois du 22 novembre 1906, complétées par celles du 27 juin 1910 et du 10 juin 1911, légalise la situation des exploitants de terres qui n'avaient pas fait l'objet d'un partage depuis 1886 ; pour les autres terres, il autorise les paysans à quitter individuellement la communauté rurale en gardant la propriété de leur exploitation. Ces lois, auxquelles est attaché le nom du ministre P. A. Stolypine, n'entrèrent que lentement en application ; cependant, en 1913, cinq millions de propriétaires avaient quitté la communauté rurale, dont un million depuis 1906, et le nombre des paysans demandant à sortir de l'indivision croissait d'année en année (651 000 en 1910, 1 226 000 en 1912). La réforme, qui effectivement consolidait le loyalisme et le conservatisme au village, ne résolvait pas pour autant le problème social dans un pays de 160 millions d'habitants en 1910 ; la surpopulation des régions les plus anciennement peuplées ne trouvait d'exutoire suffisant ni dans la colonisation ni dans le développement industriel, et la masse paysanne (130 millions), exploitant 170 millions d'hectares, considérait avec envie les 72 millions d'hectares que faisaient gérer des bourgeois et surtout des nobles.
Des améliorations portant sur les assurances contre la maladie et les accidents du travail ont été apportées au sort des ouvriers en 1903 et en 1912, notamment par l'assurance maladie pour les petites entreprises, qui concernait un million d'ouvriers. La journée de travail avait été abaissée à dix heures en 1905, mais la loi restait lettre morte dans la plupart des usines. Les salaires étaient très bas, leur faiblesse aggravée par le système des amendes, le paiement partiel en nature et l'emploi croissant d'une main-d'œuvre féminine et enfantine. Les rapports entre patrons et ouvriers étaient régis non par la législation formelle d'un État paternaliste mais par l'arbitraire patronal, contre lequel les ouvriers ne pouvaient opposer, à défaut d'organisations syndicales à peine tolérées, que la grève et des actions violentes contre le régime lui-même. À partir de 1910, le mouvement ouvrier, cassé par la répression qui suivit les événements de 1905, se reconstitue et engage dans l'action en 1912 une masse de plus de 700 000 travailleurs parmi lesquels une élite politisée qui suit les mots d'ordre des partis révolutionnaires.
Les partis révolutionnaires
Ces partis ont en effet acquis, à la veille de la Première Guerre mondiale, une importance que ne laisseraient pas supposer leurs faibles effectifs, ni même leur activité, l'agitation sociale qui s'aggrave entre 1912 et 1914 paraissant être liée au développement industriel, non au problème du régime. L'opposition admise par le pouvoir vient d'une partie de la bourgeoisie qui, depuis 1905, s'appuyant sur le Parti K. D., commence à jouer un rôle politique et qui, dans ses journaux, Slovo (La Parole), à Saint-Pétersbourg, et OutroRossii[UtroRossii](L'Éveil de la Russie), demande plus de liberté et une représentation plus juste des catégories sociales à la Douma. Mais les grèves et les manifestations ouvrières, comme les troubles à la campagne, révèlent le caractère politique d'une agitation organisée, favorisée par[...]
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Écrit par
- Michel LESAGE : professeur à l'université de Paris-I, directeur de l'Institut de recherches comparatives sur les institutions et le droit du C.N.R.S.
- Roger PORTAL : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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