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RUY BLAS, Victor Hugo Fiche de lecture

Ruy Blas est une pièce en cinq actes et en alexandrins de Victor Hugo (1802-1885), créée à Paris, au théâtre de la Renaissance – inauguré pour l'occasion – le 8 novembre 1838, soit huit ans après la « bataille d'Hernani ». Huit années durant lesquelles le drame romantique s'est peu à peu imposé, bénéficiant notamment de l'engouement populaire pour le mélodrame, dont l'acteur fétiche, Frédérick Lemaître, se voit confier ici le rôle-titre. Au succès public répondent, comme pour les pièces précédentes de l'auteur, les réserves voire les attaques de la critique, que résume cette formule de Gustave Planche dans La Revue des Deux Mondes : « Si Ruy Blas était applaudi, il faudrait proclamer la ruine de la poésie dramatique »... Jouée régulièrement jusqu'en 1851, la pièce sera interdite, comme toute l'œuvre théâtrale de Hugo, durant le second Empire et l'exil de l'auteur. Elle ne sera reprise qu'en 1872, entrera à la Comédie-Française en 1879, avec, pour la première représentation, les deux comédiens les plus fameux de l'époque – Mounet-Sully et Sarah Bernhardt. Depuis, elle n’a plus guère cessé d'être montée. Elle a notamment fait l'objet de deux adaptations, assez libres parmi lesquelles une version télévisée, très picturale, de Jacques Weber, avec Gérard Depardieu, Carole Bouquet et Weber lui-même (Ruy Blas) et celle, franchement comique, de Gérard Oury, avec Yves Montand et Louis de Funès pour le cinéma en 1971 (La Folie des grandeurs).

Le « ver de terre amoureux d'une étoile »

<em>Ruy Blas</em> de V. Hugo, mise en scène de Jean Vilar - crédits : Abraham Pisarek/ ullstein bild/ Getty Images

Ruy Blas de V. Hugo, mise en scène de Jean Vilar

Acte I. À la cour d'Espagne, sous le règne de Charles II (1665-1700), Don Salluste de Bazan, ministre tout-puissant, cherche à se venger de la Reine qui vient de le condamner à l'exil pour avoir séduit, engrossé et refusé d'épouser l'une de ses suivantes. Il compte pour cela monnayer les services de son propre cousin, Don César de Bazan, aristocrate devenu vagabond et bandit sous le nom de Zafari. En homme d'honneur malgré sa déchéance, celui-ci refuse le marché. Le laquais de Don Salluste, Ruy Blas, que Don César a connu autrefois et que la pauvreté a contraint à cette dégradante fonction, lui avoue qu'il est secrètement amoureux de la Reine. Don Salluste, qui a tout entendu, monte alors une machination. Il contraint Ruy Blas à s'engager à le servir en toute occasion et lui fait écrire une lettre, adressée de sa part à une femme qu'il nomme sa « reine », et signée du nom de César. Puis il fait enlever Don César, et lui substitue Ruy Blas, qu'il présente à la Cour comme son cousin revenu du Pérou, avec l'ordre de devenir l'amant de la Reine.

Acte II. Allemande isolée à la Cour d'Espagne, épouse délaissée par le Roi, jeune femme poursuivie par les assiduités du vieux Don Guritan, la Reine songe à l'inconnu qui dépose chaque jour sur un banc ses fleurs préférées, ce « César » qui lui a fait parvenir une lettre d'amour. Lorsque Ruy Blas se présente à elle sous ce nom comme nouvel écuyer du Roi, elle ne peut cacher son trouble. Don Guritan s'en aperçoit et, jaloux, provoque Ruy Blas en duel. Mise au courant, la Reine trouve le moyen d'éloigner le danger.

Acte III. Six mois plus tard, Ruy Blas alias Don César est devenu Premier ministre. Dans une longue tirade, il accable de reproches les autres ministres, coupables à ses yeux de sacrifier le destin de l'Espagne à leurs intérêts personnels. La Reine, pleine d'admiration, lui déclare son amour et souhaite lui confier le pouvoir. Mais le bonheur de Ruy Blas est de courte durée : survient Don Salluste, déguisé en valet, qui lui rappelle son serment de soumission et le menace, s'il refuse de lui obéir, de révéler à la Reine sa véritable identité.

Acte IV. Tout l'acte constitue une parenthèse[...]

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<em>Ruy Blas</em> de V. Hugo, mise en scène de Jean Vilar - crédits : Abraham Pisarek/ ullstein bild/ Getty Images

Ruy Blas de V. Hugo, mise en scène de Jean Vilar

Autres références

  • DRAME - Drame romantique

    • Écrit par
    • 4 598 mots
    • 5 médias
    ...fécond, seul un récit gardant le parfum du passé (la fameuse couleur locale) doit permettre à l'homme du xixe siècle de penser son propre destin : ainsi, dans le Ruy Blas de Hugo (1838), la décadence de la monarchie espagnole du xviie siècle éclaire celle de la monarchie de Louis-Philippe.
  • HUGO VICTOR (1802-1885)

    • Écrit par , , , et
    • 13 568 mots
    • 5 médias
    ...Hugo y parvient : c'est le théâtre de la Renaissance, pour l'inauguration duquel (nov. 1838) il écrit la plus célèbre sinon la meilleure de ses pièces, Ruy Blas, dont le mérite est à la fois de poser les problèmes politiques de l'agonie d'une monarchie, et de remettre à la scène un vigoureux personnage...
  • THÉÂTRE OCCIDENTAL - La dramaturgie

    • Écrit par et
    • 12 279 mots
    • 3 médias
    ...double référence, Musset évoque la France contemporaine à travers la Florence renaissante qui donne son cadre à Lorenzaccio (1834), tandis que, dans Ruy Blas (1838), Hugo tente d'éclairer le déclin de la monarchie de Louis-Philippe par celui de la monarchie espagnole au xviie siècle. Shakespeare...