RWANDA
Nom officiel | République rwandaise (RW) |
Chef de l'État et du gouvernement | Paul Kagame (depuis le 24 mars 2000). Premier ministre : Edouard Ngirente (depuis le 30 août 2017) |
Capitale | Kigali |
Langues officielles | Anglais, français, kinyarwanda, swahili |
Unité monétaire | Franc rwandais (RWF) |
Population (estim.) |
13 833 000 (2024) |
Superficie |
26 338 km²
|
Histoire
La population rwandaise dépasse aujourd'hui 8 millions d'habitants, elle atteignait 6 millions dans les années 1980, 3 millions au début des années 1960, elle était déjà de 2 millions environ à la fin du xixe siècle et l'archéologie atteste un peuplement important dès le Ier millénaire. Les premiers documents européens écrits sur le Rwanda ne remontent qu'aux années 1860. Les sources orales permettent cependant de reconstituer une histoire politique depuis le xviie siècle. Mais l'histoire ancienne de cet espace repose sur des interprétations tirées de l'archéologie, de la linguistique et de l'étude des paléo-environnements, à l'échelle de l'ensemble de la région des Grands Lacs.
Une histoire du peuplement ancienne et complexe
Après la succession des longues périodes préhistoriques, attestées par de nombreux sites à matériel lithique, on discerne dès le Ier millénaire avant notre ère la présence de populations relevant de plusieurs familles linguistiques : des groupes bantouphones du bassin du Congo et des groupes « soudaniques » ou « kouchitiques » des plateaux du haut Nil. Les premiers ont peu à peu imposé leur modèle, fondé sur une agriculture des lisières forestières et sur une maîtrise de la métallurgie du fer (attestée depuis au moins le viie siècle avant notre ère au Rwanda central et méridional), tout en intégrant l'expérience des seconds dans l'élevage du gros bétail (une espèce de bovins, dite Sanga, issue d'un croisement entre d'anciens taurins africains et le zébu) et dans la céréaliculture (sorgho et éleusine).
Les montagnes dominant les rives orientales des lacs Kivu et Tanganyika voient se développer au cours du Ier millénaire de notre ère une culture du « premier âge du fer », caractérisée par une unité linguistique (un parler dit « western lakes », ancêtre du kinyarwanda et du kirundi, langues actuelles du Rwanda et au Burundi), par des céramiques à « fossette basale » et à décors de type urewe et par cette synthèse agropastorale. Les travaux de linguistique historique de David Schoenbrun font apparaître, vers l'an mille, la pénétration du bananier (venu d'Asie du Sud-Est) jusque dans le Rift occidental (la dépression Rusizi-Tanganyika) et aussi l'affirmation progressive, dans cette région, de territorialités politiques incarnées par l'émergence du terme gihugu (pays), associé aux termes mwami et mutware qui signifieront plus tard roi et chef.
Le clivage entre agriculture et élevage, opposant les catégories hutu et tutsi dans la société moderne du Rwanda, a ses racines sans doute dans cette rencontre entre de très anciennes cultures issues respectivement des forêts et des savanes de la région, mais aussi dans les processus démographiques, sociaux et politiques que connaissent, au cours du IIe millénaire, les plateaux centraux de la région des Grands Lacs, de l'ouest de l'Ouganda au nord-ouest de la Tanzanie actuelle, et jusqu'aux régions du nord-est de l'espace rwandais. La colonisation de ces espaces a été marquée par un essor remarquable de l'élevage et de la culture céréalière (contrastant avec les bananeraies des rives du lac Victoria). Cette civilisation agropastorale a laissé des traces impressionnantes dans des sites archéologiques des xe-xve siècles à l'ouest de l'Ouganda (grands retranchements contenant de nouveaux types de céramiques et de nouvelles techniques métallurgiques) et dans le cycle légendaire des mystérieux souverains bacwezi. Cette tradition va être la référence à la fois d'un modèle de royauté sacrée et de la religion initiatique dite du kubandwa, qui, l'un et l'autre, vont rayonner vers l'ouest et le sud de la région. Cette diffusion se place dans un contexte de crise lié probablement à une pression démographique et à[...]
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Écrit par
- François BART : professeur à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne
- Jean-Pierre CHRÉTIEN : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
- Marcel KABANDA : consultant à l'U.N.E.S.C.O.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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