RYTHME, musique
La ponctuation égale d'une goutte d'eau qui tombe ; les battements du cœur, avec l'alternance continue d'un temps fort et d'un temps faible, systole et diastole ; la respiration où se succèdent identiques à elles-mêmes une durée brève, l'inspiration, et une durée longue, l'expiration ; le martèlement régulier d'un train, avec sa monotonie hypnotique, et les heurts qui en rompent parfois la régularité ; les chocs irréguliers, espacés, accélérés, puis de nouveau ralentis d'une chute de pierres qui rompt le silence de la montagne. Il est possible de représenter schématiquement ces événements sonores par une notation musicale classique ; ce parallèle, en soulignant les correspondances physiologiques et naturelles du rythme musical, permettra peut-être d'en discerner mieux l'essence exacte, si controversée. Quand, comment apparaît le rythme ? Existe-t-il, indépendamment de toute question d' isochronie ou d'accentuation, dès que se produit une succession d'événements sonores discontinus ?
Le premier exemple choisi est rigoureusement égal ; il n'y a pas ici rythme, mais battement isochrone qui est forme élémentaire et universelle de jalonnement du temps musical ; explicite ou implicite, selon qu'elle est ou n'est pas marquée par un son, cette division constitue une unité de base régulière de durée, correspondant au « temps » dont les groupements variés ont donné les diverses mesures de la musique occidentale. C'est à l'intérieur d'un tel cadre et par rapport à lui que se développe le rythme dans toutes les musiques qui reposent sur une unité de durée constante, dont toutefois la valeur effective est fonction du tempo et soumise à ses éventuelles variations.
Dans le deuxième exemple, les durées égales présentent la même succession que précédemment, mais un élément sur deux est accentué par rapport à l'autre. À cette différence qualitative est liée la perception d'un rythme, ce qui met en évidence d'une façon élémentaire mais précise le rôle de l'accentuation dans la formation du rythme, qui apparaît malgré l'égalité des durées.
Le troisième exemple est formé par la succession régulière de deux durées inégales, une brève et une longue. Ici, la différenciation est quantitative : elle repose sur l'alternance de deux valeurs de longueurs différentes, sans accentuation particulière ; cette ordonnance de durées, si simple et régulière soit-elle, constitue un rythme.
Dans le quatrième exemple, la cellule rythmique constante du roulement du train vient souligner régulièrement la division égale du temps, mais les heurts sporadiques qui se produisent forment des figures rythmiques indépendantes dont l'irrégularité se perçoit par rapport au battement isochrone de base.
Les chocs des pierres qui roulent, mis à part l'accumulation qui caractérise la partie centrale de la séquence, semblent advenir « au hasard », sans qu'il y ait référence à une unité de durée explicite ou implicite, ni à une distribution régulière des accents. La notation traditionnelle tente d'indiquer des rapports d'espacement entre les événements sonores et ne rend pas exactement compte de leur grande irrégularité. Une notation sans espacements fixés est moins précise mais plus fidèle au déroulement rythmiquement aléatoire de ce phénomène.
Aspects du rythme
Symétrie et dissymétrie
Les exemples précédents ont été choisis pour illustrer une progression, qui part de l'isochronie pour aboutir à l'irrégularité complète, sans référence à une division égale du temps. L'oscillation entre symétrie et dissymétrie est caractéristique du rythme et de sa dialectique vivante avec le temps métrique. Il est organisation des durées, dont il règle la proportion, l'espacement, les groupements[...]
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Écrit par
- Nicole LACHARTRE : compositeur, fondatrice et directrice artistique de l'Association pour la collaboration des interprètes et compositeurs
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Médias
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