SAALE

Nom porté par plusieurs rivières d'Europe centrale. Il y a ainsi une Fränkische Saale en Basse-Franconie (Bavière). Mais la plus importante est celle qui, prenant sa source aux confins de la Saxe et de la Bavière, puis s’écoulant en Thuringe, peut être appelée Sächsische ou Thüringische Saale. Cet affluent de l'Elbe a aussi donné son nom à l'avant-dernière grande glaciation ayant affecté l'inlandsis scandinave au Quaternaire, la première étant celle de l'Elster (équivalente au Mindel) et la troisième et dernière celle de la Vistule, dite encore de la Weichsel (équivalente au Würm).

La Saale naît à 707 mètres d'altitude dans le nord du Fichtelgebirge, massif hercynien aux confins de l'Allemagne et de la République tchèque. Elle prend sa source en Allemagne et arrose d'abord la petite ville de Hof ; sa longueur est de 427 kilomètres et son bassin de 24 000 kilomètres carrés. Elle recueille les eaux de l’Ilm, de l'Unstrut, de l'Elster blanche et de la Bode, puis se jette dans l'Elbe peu avant Magdeburg en lui apportant un débit annuel moyen de 100 mètres cubes par seconde, avec hautes eaux en mars. Son cours supérieur dans les schistes imperméables du Frankenwald et du Thüringerwald lui vaut des crues brutales (jusqu'à 641 m³/s), tant au moment de la fonte des neiges que par gros orages estivaux. Cela a conduit à la construction de grands barrages-réservoirs : celui de Bleiloch (1932), long de 28 kilomètres et riche de 215 millions de mètres cubes, le plus important d'Allemagne ; ceux de Hohenwarte (en service depuis 1941 et riche de 182 millions de mètres cubes) et de Rappbode (en service depuis 1959 et riche de 110 millions de mètres cubes). Après Saalfeld, la Saale quitte le massif ancien et arrose Iéna, au cœur du riche bassin de Thuringe. L'Elster, venue du Vogtland, passe à Leipzig et rejoint la Saale sur sa droite, entre Merseburg et Halle, dans une région marquée par la grande industrie (exploitation du lignite et complexes chimiques, comme celui de Leuna).

— Pierre RIQUET