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AZÉMA SABINE (1949- )

Née en 1949, ancienne élève d'Antoine Vitez au Conservatoire, Sabine Azéma commence sa carrière au théâtre de Boulevard. Remarquée à la Comédie des Champs-Élysées face à Louis de Funès dans La Valse des toréadors (Jean Anouilh), elle devient une actrice comique à succès à la fin des années 1970 et interprète des pièces de Claude Rich, Françoise Dorin, à nouveau J. Anouilh... Parallèlement, elle apparaît au cinéma dans de petits rôles (On aura tout vu, GeorgesLautner, 1976 ; La Dentellière, ClaudeGoretta, 1977...). Puis c'est la double « révélation » de La vie est un roman (Alain Resnais, 1983) où, en institutrice timide, elle séduit un célèbre architecte (Vittorio Gassman) lors d'un amusant colloque sur l'éducation de l'imaginaire, et Un dimanche à la campagne (Bertrand Tavernier, 1984) où, jeune femme moderne, elle bouleverse le calme dimanche de son vieux père qui vit au début du siècle dans le décor des impressionnistes. Deux autres grands rôles suivront, comme L'Amour à mort (A. Resnais, 1984) et La Vie et rien d'autre (B. Tavernier, 1989). Mais c'est indiscutablement avec Alain Resnais que Sabine Azéma acquiert son statut, si l'on peut dire, de star du cinéma d'auteur puisque, depuis 1983 et avec Pierre Arditi, elle occupe une place centrale dans l’œuvre du cinéaste.

Infléchissant progressivement l'inspiration de l'auteur de la tragédie (L'Amour à mort et Mélo, 1986) vers le vaudeville et ses variations(On connaît la chanson, 1997 ; Pas sur la bouche, 2003), elle parvient à créer un véritable personnage qui passe de film en film, assurant la cohérence d'un univers où elle peut aussi bien travailler la complexité psychologique (et sexuelle) de son rôle, comme dans Cœurs (2006), que réaliser une performance extraordinaire dans le diptyque Smoking/No Smoking (1993), Trois Heures en duo avec Pierre Arditi, lui jouant trois rôles et elle cinq ! Toujours sous la direction d’Alain Resnais, elle se produit dans Les Herbes folles (2009),Vous n’avez encore rien vu (2013) et Aimer, boire et chanter (2014).

Sabine Azéma est aussi crédible dans les scènes dramatiques de Jacques Doillon (La Puritaine, 1986) que dans le comique traditionnel de Gérard Oury (Vanille fraise, 1989 ; Le Schpountz, 1998) ou acide d'Étienne Chatiliez (Le bonheur est dans le pré, 1995 ; Tanguy, 2001). Le style « déjanté » d'un Jean-Pierre Mocky (Noir comme le souvenir, 1994) ou le monde absurde de Bertrand Blier (Mon Homme, 1997) lui conviennent tout autant car elle joue souvent sur deux registres, assumant avec aplomb la façade des conventions (femme survoltée et fofolle qui croit tout régenter), mais laissant paraître aussi une angoisse existentielle profonde. Dans Peindre ou faire l'amour (2005), Le Voyage aux Pyrénées (2008) ou Les Derniers Jours du monde (2009), les frères A. et J.-M. Larrieu ont su brouiller ce portrait dans des comédies alternant grosse farce et subtilités à double sens où l'actrice fait bouger la structure du genre.

— René PRÉDAL

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

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Autres références

  • ARDITI PIERRE (1944- )

    • Écrit par
    • 577 mots

    Né en 1944, Pierre Arditi est, à partir de la fin des années 1960, partout à la fois, au théâtre, à la télévision et au cinéma. Lui-même revendique cette boulimie et le plaisir de figurer dans quatre à cinq films par an pourvu qu'il s'y montre à chaque fois différent. Pari audacieux pour ce comédien...