SABINIENS ou CASSIENS
École de jurisconsultes romains qui tire son nom de Masurius Sabinus, qui vécut au début du ier siècle de notre ère. Elle est qualifiée aussi, parfois, d'école des juristes cassiens, du nom de C. Cassius Longinus, élève de Sabinus, consul en 30, puis gouverneur d'Asie (40-41) et de Syrie (49). Appartenant à une grande famille — qui comptait déjà deux juristes célèbres, Tubéron son grand-père et Servius son arrière-grand-père —, Cassius joua à Rome un rôle politique fort marqué jusqu'à ce qu'en 65 Néron le fasse déporter en Sardaigne. Vespasien le fit revenir à Rome où il trouva la mort.
La « secte » sabinienne, comme l'appelle Pomponius dans son résumé de l'histoire du droit romain (Digesta, I, ii, 47), avait d'ailleurs commencé dès avant Sabinus, avec Capito (consul en 5, mort en 22). Capito était en droit un traditionaliste, mais politiquement il s'était rallié à l'Empire. Il est parvenu peu d'éléments de ses œuvres. Capito fut surtout renommé pour sa connaissance du droit pontifical. Il composa un traité sur cette matière. Sabinus, juriste d'origine modeste, qui n'arriva à la fortune suffisante pour être chevalier que vers la cinquantaine, fut le premier de cet ordre à obtenir de l'empereur le jus respondendi, c'est-à-dire le privilège de donner des consultations juridiques rehaussées de l'autorité impériale. Son traité en trois livres de droit civil, Libri tres juris civilis, servira de base et de plan aux grandes œuvres classiques sur cette matière, et ceux-ci, pour cette raison, s'intituleront Livres sur Sabinus. Les autres chefs de l'école furent, après Cassius, Coelius Sabinus, son élève, consul en 69, celui-ci jouit d'un grand crédit politique sur Vespasien ; Javolenus Priscus qui, né avant 60 et consul entre 83 et 90, joignit, à son activité juridique et à la rédaction d'importants traités, une carrière militaire brillante (il commanda les légions en Mésie et en Afrique, et assuma des fonctions administratives de gouverneur en Bretagne, en Germanie, en Afrique) ; L. Fulvius Alburnius Valens, autre grand sabinien, exerça son activité juridique sous les règnes de Trajan (98-117) et d'Hadrien (117-138) ; il eut pour élève, Julien, le dernier chef de l'école sabinienne indiqué par Pomponius. Julien était originaire d'Afrique : sa carrière et les dates de sa vie sont encore discutées, mais on sait qu'il fut consul en 148 ; si l'on discute également de son rôle dans le travail de révision de l'édit du préteur, qui fut fait sous le règne d'Hadrien, on ne peut contester sa valeur comme juriste. Son prestige restera considérable jusqu'à Justinien et les juristes classiques aimeront à invoquer son autorité. Certains, tels Paul Marcellus, Scaevola, annoteront ses œuvres en les rééditant. Son ouvrage principal est son Digeste en quatre-vingt-dix livres, composé sous Hadrien (117-138) et sous Antonin (138-161). Il est rédigé dans un style simple ; l'exposé y est toujours clair et la pensée souvent originale. Julien ouvre l'âge d'or de la jurisprudence romaine. Avec lui cesse le dualisme des deux « écoles », cela bien que Pomponius et Gaius, un peu plus jeunes que lui, disent encore se rattacher aux sabiniens.
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Écrit par
- Jean GAUDEMET : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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PROCULIENS
- Écrit par Jean GAUDEMET
- 358 mots
École de jurisconsultes romains qui tire son nom de Proculus, juriste contemporain et rival de Sabinus, dans la première moitié du ier siècle. Elle compte parmi ses principaux représentants : Labéon (préteur vers 5) ; Proculus ; les deux Nerva ; Pégasus, préfet de Rome sous Vespasien ; Neratius...