SAC, histoire du costume
Bourse, bougette, escarcelle, aumônière, réticule, ridicule, balantine, pochette, etc., des noms variés ont désigné le sac, cet accessoire qui fait partie depuis fort longtemps de l'habillement féminin ou masculin.
Ample ou ajustée, la forme des vêtements a naturellement au cours des siècles une grande influence sur l'usage du sac, le faisant tour à tour exister ou disparaître. Fixée jusqu'au Moyen Âge à la ceinture des vêtements féminins ou masculins, l'aumônière, petit sac qui renfermait à l'origine l'argent destiné aux aumônes, permet en fait de transporter tous les menus objets d'usage courant, tels que peignes, ciseaux, miroirs, pinces à épiler, etc. En étoffe brodée ou en peau, de forme trapézoïdale, elle s'apparente à l'aumônière sarrasine rapportée d'Orient par les Croisés. Quant à l'escarcelle, en vogue jusqu'au xvie siècle, et dont Henri II possédait plusieurs modèles (voir le portrait attribué à François Clouet, musée du Louvre), elle est munie d'un fermoir, parfois véritable combinaison de coffre-fort. À cette même époque, la braguette, très proéminente, est également utilisée comme sac ou comme poche.
Avec la mode des vêtements plus amples — hauts de chausse bouffants vers le milieu du xvie siècle, puis vestes, habits et vestons des siècles suivants, jupons, vertugadins qui deviennent les paniers du xviiie siècle — apparaissent les poches. Le sac est alors rayé pour plus de trois cents ans du vestiaire masculin, pour quelques dizaines d'années seulement de l'habillement féminin. Ces poches sont, en fait, des sacs de toile plus ou moins richement brodée, indépendants du vêtement, tenus à la taille par une ceinture et accessibles par des fentes aménagées sur les côtés de la robe. L'usage des bourses en velours froncé n'en persiste pas moins, pour conserver jetons et pièces de monnaie, gains des jeux de cartes si prisés aux xviie et xviiie siècles ; celles à devises brodées « Voilà mon trésor », « Rien ne m'arrête » sont offertes en gage d'amitié ou d'amour. À l'époque révolutionnaire, elles sont brodées en tricolore de bonnets phrygiens, lauriers et palmes en couronnes.
La transformation radicale de la mode en 1795 (robes étroites en mousseline transparente) fait disparaître les poches et amène le retour du sac qui, sous le nom de balantine, réticule puis ridicule, est tenu par une longue anse souple. L'ampleur retrouvée de la mode romantique, et donc des poches intérieures, l'utilisation de l'ombrelle, du mouchoir, de l'éventail, du bouquet de bal, objets indispensables à l'élégance et au savoir-vivre de tout le xixe siècle, le font à nouveau disparaître des mains féminines.
C'est au xxe siècle que le sac devient un élément complémentaire de l'habillement. La créativité des fabricants est stimulée par tous les grands événements politiques, économiques et artistiques : le mouvement surréaliste qui marque si fortement, dans les années vingt, des couturiers comme Schiaparelli par exemple, l'influence exotique de l'Exposition coloniale de 1931, l'op art aux coloris si intenses vers 1960, enfin les matériaux nouveaux, comme le plastique, qui permettent une production meilleur marché.
L'utilisation de tissus plus souples, l'abandon du veston à certaines heures de la journée, les nombreux documents d'identité indispensables à la vie moderne remettent aujourd'hui le sac dans les mains masculines, sous la forme de pochettes à multiples compartiments. De même, les sacs à main féminins allient désormais confort pratique et élégance, répondant ainsi aux exigences de la vie active et professionnelle des femmes.
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Écrit par
- Annie SAGALOW : bibliothécaire du musée de la mode et du costume
Classification
Autres références
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MODE - Histoire et composantes
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Catherine ORMEN
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Sacs et poches ont la même fonction : contenir de l'argent et divers objets. La poche peut être indépendante, visible ou cachée, mais reliée au vêtement par une attache quelconque. Le sac prend alors le nom de bourse, aumônière ou escarcelle (de l'italien scarso, « avare »). Dissimulée...